"Pour un Service public national d'Enseignement supérieur et de Recherche laïque, démocratique et émancipateur"

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samedi 10 juin 2017

Macron dans l’ESR : poursuivre et amplifier la déstructuration du service public

(sources principales : réponse à la CPU et discours de l’INRIA)

Pour l’essentiel, le programme d’Emmanuel Macron pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation (ESR et I) consiste à poursuivre et amplifier les politiques délétères mises en œuvre par les gouvernements précédents.

Le Président Macron a annoncé « La sanctuarisation budgétaire de l’ESRI  »

En bon langage budgétaire cela signifie que le budget de l’ESR ne diminuera ni n’augmentera.

Avec l’accroissement du nombre d’inscriptions d’étudiant·e·s (près de 40 000 supplémentaires lors de la prochaine rentrée universitaire) d’une part et l’augmentation mécanique du poids de la masse salariale notamment due au GVT (Glissement Vieillesse Technicité) d’autre part, cela signifie en langage courant, qu’en fait de sanctuarisation, il s’agit bel et bien d’une diminution brutale de 5% du budget des universités.

Renforcer l’« autonomie » des universités : « La centralisation ne serait plus possible  » ?

Depuis près de 50 ans, les différentes réformes de l’ESR, qu’il s’agisse des lois Savary, LRU-Pécresse ou LRU-Fioraso, ont toutes contribué à détricoter successivement et patiemment le caractère national, démocratique et égalitaire de notre système universitaire. Les gouvernements successifs et les ministres de tutelle de l’ESR ont poursuivi chacun·e à leur manière l’œuvre de destruction accomplie par les prédécesseurs.

Au moyen de son programme politique, Macron tente de poursuivre l’instauration d’une université à deux vitesses : d’un côté celles de « l’excellence » vers lesquelles seraient concentrés les budgets, les financements, les emplois et de l’autre, celles du « tout venant » chargées de « gérer » au mieux toutes ces centaines de milliers d’étudiant·e·s en transition entre un système universitaire de seconde zone, sans moyens financiers, emplois ni infrastructures, et un emploi salarié de plus en plus hypothétique.

Macron veut plus sur le plan pédagogique : « pour déployer pleinement leur offre de formation », les « contenus, modalités et objectifs » seront organisés par chaque établissement.

Pour lui, « les universités décideront en pleine autonomie de leur politique de ressources humaines ». Dans le cadre de la « modernisation » des statuts de fonctionnaires et de l’« assouplissement » des corps, il veut permettre le recrutement des enseignant·e·s-chercheur·e·s (EC) directement par les établissements, sans intervention du Conseil national des universités (CNU), comme le réclame avec insistance depuis des années les membres de la Conférence des présidents d’université (CPU) afin de pouvoir user et abuser de leur prétendue « autonomie » acquise en 2007. Le CNU, instance nationale composée majoritairement d’élu·e·s, serait donc nié et affaibli. Le statut des EC serait ainsi sévèrement remis en cause. Dans le but de renforcer le pouvoir des présidents d’universités, véritables chefs d’entreprise, E. Macron veut supprimer le nouveau dispositif de mutation des EC, pourtant déjà très insuffisant. Selon lui, la première demande des EC ne serait pas le traitement mais pouvoir « se décharger des tâches qui empêchent de faire de la recherche.  »

Gageons que, pour lui, le salaire est une question annexe pour tous les salariés !
Tous les personnels de l’ESRI apprécieront, eux qui comme des millions de fonctionnaires voient leur point d’indice bloqué depuis JUILLET 2010 (exception faite des 2 fois 0,6 % miettes englouties par l’inflation).

Faire de la recherche «  une priorité nationale  » ?

À rebours des demandes répétées des chercheur·e·s et enseignant·e·s-chercheur·e·s, le président Macron a annoncé l’augmentation des crédits de l’Agence national de la recherche (ANR).
La politique menée par cette agence qui finance un petit nombre d’équipes de recherche par appels à projets, concentre les moyens sur les chercheur·e·s et chercheur·e·s les plus « performant·e·s », c’est-à-dire sur celles et ceux qui publient dans des revues ayant le plus d’« impact », au détriment de la nouveauté et du temps parfois long pour produire une recherche originale de qualité.

La reconduction du Crédit Impôt Recherche (qui transfère 5 Mds d’euros par an de fonds publics aux entreprises privées), dans un contexte budgétaire contraint au nom du respect du pacte de stabilité et de la lutte contre les déficits publics, entraînera fatalement un nouvel assèchement des crédits récurrents.

En continuant la politique de regroupements (ComUE et fusions) , la politique d’« excellence » et les programmes d’investissement d’avenir (PIA) qui ciblent les financements sur quelques établissements, la priorité nationale ne consiste-t-elle pas plutôt à poursuivre l’assèchement des crédits récurrents ? Ce qui condamne la majorité des équipes de recherche les moins rentables et qui aboutit à mettre en concurrence toutes les autres !

En finir avec les « réformes par le haut » selon Macron ?

En élargissant la sélection des étudiant·e·s dès l’entrée en licence, accessible uniquement sur prérequis ou après réussite de modules d’été et signature d’un «  contrat de réussite  » la déstructuration actuelle de l’ESR n’étant sans doute pas suffisante, Macron souhaite transférer aux régions les filières professionnelles et rendre plus souple le statut des universités et ComUE : le statut des nouvelles universités (regroupant universités, organismes de recherche, grandes écoles et établissements de différents ministères, voire du privé) sera une « priorité de la réforme de l’État », sous l’égide du 1er ministre.

Le but est de créer de « nouvelles universités transcendant les distinctions historiques entre universités, écoles, organismes » à l’aide d’un « cadre juridique souple et adaptable »…

En créant « un environnement favorable à la poursuite d’études des étudiants » ?

Quant à la création d’un environnement favorable à la poursuite d’études des étudiant·e·s, il convient de pousser un peu plus loin l’analyse.

Là encore, au nom de la sacro sainte concurrence libre et non faussée ainsi que du sacro saint pseudo combat contre les déficits publics, Macron tente de livrer aux appétits du secteur privé ce qu’il reste des OEUVRES UNIVERSITAIRES ET SCOLAIRES.

Outre le système des bourses, dont il conviendrait de revoir de fond en comble le système et en particulier le système d’attribution sur critères sociaux et pour lequel Macron n’envisage que l’existence d’un système « d’excellence », il tente purement et simplement de continuer à privatiser la construction des logements étudiants ou cités universitaires, en ne précisant pas les choses.

Oui le CNOUS doit continuer de rester un organisme public et l’ensemble des moyens, qu’il s’agisse du système boursier, du logement social étudiant et de la restauration universitaire, doivent lui être attribués exclusivement.

Le chiffre de 60 000 logements étudiants est indigne d’un pays qui devrait tout mettre en œuvre pour aider sa jeunesse. C’est dix fois plus de logements qui seraient nécessaires.

De la même manière, comment pourrait-on se contenter d’un système de bourse qui voit plus de 90% des étudiants ne pas pouvoir en être bénéficiaire et être contraints de travailler pour financer leurs études.

Monsieur Macron a pensé à tout.

Ainsi, créer un environnement favorable aux études consisterait donc à ouvrir les bibliothèques, le jour, tous les jours, y compris le dimanche et pourquoi pas la nuit. Il est vrai qu’artisan de la déréglementation et de la casse du Code du Travail, Monsieur Macron est pour l’ouverture le dimanche et le travail de nuit.

Il oublie une chose, c’est que nos collègues des bibliothèques sont doté·e·s d’un statut de fonctionnaires de l’État et que si monsieur Macron veut moins d’État, nos collègues fonctionnaires en veulent plus et en particulier le respect exclusif de leur statut.

Ça n’est pas en détruisant l’environnement professionnel et statutaire de nos collègues des bibliothèques, que la condition des étudiant·e·s s’améliorera.

L’objectif du désormais Président Macron est l’exact inverse du service public national, laïque, démocratique et émancipateur que nous revendiquons. Il cherche à casser tout cadre national et à différencier plus fortement les établissements : d’un côté, des universités « d’excellence en tous points, qui devront briller à l’échelle internationale » et de l’autre des établissements « de proximité, dépositaires de la confiance des familles et des entreprises ».

Ce sera donc aux salarié·e·s, avec leurs organisations syndicales et avec les usagers,
de faire mentir le Président Macron :
nous l’empêcherons de mettre en application son programme réactionnaire !