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mardi 18 octobre 2016

CNESER • 17 octobre 2016 • Sélection à l’université

CNESER • 17 octobre 2016
Interventions de la CGT sur la sélection à l’université

La sélection officiellement instaurée dans les établissements d’ESR
Déclaration de la CGT FERC Sup du 12 octobre 2016

Représentant de la CGT FERC Sup sur la sélection en Master

Nous voudrions poser 5 questions.

1. Une première question de méthode : vous avez répondu aux organisations qui se sont déjà étonnées de n’avoir pas été conviées pour discuter l’accord du 4 octobre que la porte de Jean-Michel Jolion avait été ouverte pendant des mois. Mais ce n’est pas le même sujet. Nous tenons à dire aussi que nous avons été fort bien reçus par Jean-Michel Jolion et son équipe, qui a pris tout le temps nécessaire pour nous expliquer les détails de son projet - qu’ils en soient remerciés - et nous avons pris nous aussi le temps d’écouter et de comprendre - sans émettre, lors de notre rencontre, d’opinion officielle qui aurait pu permettre de préjuger de notre position finale. Mais nous parlons d’autre chose, en l’occurrence du fait de ne pas avoir finalement été conviés autour de la table pour négocier un accord. Nous osons espérer que le choix des invités n’a pas été fait en ne retenant que ceux dont on présumait qu’ils seraient d’accord, ce qui affaiblirait tout de même l’idée du dialogue social qui vient d’être vantée. Pensez-vous à ce point que les divergences d’opinion nuisent à l’intelligence collective ?

2. Une autre question de méthode. On entend bien que le CNESER ne doit pas voter formellement sur une proposition de loi déposée par un sénateur, mais puisque le ministère a décidé d’en faire son véhicule législatif, n’aurait-il pas été éclairant pour la discussion du CNESER que lui soit fournie un texte global, amendé et complet de la proposition plutôt que le texte d’un protocole validé hors séance avec certaines organisations ?

3. Une question de principe. Un principe fondamental à nos yeux est remis en cause, et c’est ce qui expliquera notre vote négatif : le droit d’un licencié, dans une discipline, de s’engager dans un master de la même discipline, ou d’une discipline compatible, en y faisant ses preuves. Dans ce débat, on fait comme si, lorsqu’il n’y a pas de sélection (sur dossier), il n’ y a pas de sélection du tout - on en oublie presque le fondement de l’évaluation à l’Université : la réussite à l’examen, pour avoir son diplôme ou le passage dans l’année supérieure. L’admission au diplôme national doit être le titre qui donne le droit à la poursuite – l’ensemble de notre service public travail à vérifier que les diplômes ont la même valeur en tout point du territoire. Pourquoi ne pas avoir sanctuarisé le droit d’un étudiant de licence de mathématiques à entrer dans un master de mathématiques, au moins dans son établissement ? Pourquoi ne pas avoir gardé cela hors du processus de sélection puisque vous nous dites qu’il n’y aura globalement pas de problèmes de flux ? Cela aurait obligé les établissements à prévoir une continuité sur 5 ans, avoir la place pour mener au M2 une partie significative de leur diplômes de L3 – et d’avoir les capacités d’accueil pour assumer cette responsabilité. Or nous savons tous que nombres d’établissements qui vont subir la concurrence que l’on va déchaîner peinent déjà à mener un pourcentage suffisant de leur population au niveau M2. On aurait compris qu’on examine un dossier pour des étudiants dont la licence n’est pas directement compatible avec le master. Pourquoi n’avez-vous pas envisagé cela ?

4. Une question sur les capacités d’accueil. Les capacités d’accueil cela n’est pas fait pour faire de la sélection, mais pour s’assurer que l’on peu accueillir les étudiants dans de bonnes conditions. Mais beaucoup utiliseront ce prétexte. Avez-vous vraiment les moyens de contrôler le fait qu’il n’y aura pas une augmentation de l’usage opportuniste des capacités d’accueil ? Le passage de l’obligation de présenter un décret au CNESER, pour établir une liste de formations d’accès restreint sur le fondement des capacités d’accueil, au nouveau dispositif du « dialogue avec l’établissement » vous paraît-il offrir un contrôle accru, ou constituer au contraire un assouplissement de la procédure ? Pensez-vous qu’on contrôlera mieux qu’on ne le faisait auparavant les établissements qui découvraient soudainement qu’ils n’avaient pas du tout la place de garder en M2 le nombre de gens qu’ils se jugeaient pourtant capable d’encadrer en M1 ?

5. Une question sur le droit opposable enfin. A l’heure où l’on a supprimé les doublons de master dans les ComUE, qui ont parfois le périmètre de la région académique, est-ce que ce fameux droit opposable au niveau de la région académique ne va pas se réduire à n’être qu’un droit à poursuivre d’autres études que les siennes ? Ou bien de se soumettre à la mobilité forcée vers une université qui aura été moins prisée ?

Représentante de la CGT

Ce qui est positif :

  • Le décret met fin officiellement à la sélection à l’entrée en M2 (les exceptions doivent cependant être plus précisément définies et devraient disparaître).
  • Le droit à la poursuite d’étude pour tout étudiant titulaire d’une licence

La CGT est très réservée sur ce « compromis historique » qui constitue un équilibre très fragile.

  • le recours aux capacités d’accueil remet en cause les droits obtenus ! Il ne doit pas autoriser de sélection entre M1 et M2 et doit être très encadré pour ne pas légitimer le refus d’admission en M1 (la liste des masters autorisés à être sélectifs votée au printemps a de quoi inquiéter !)
  • questionnement sur la capacité du rectorat à proposer des solutions acceptables pour tous les étudiants en termes de choix de formation et de lieu 
  • quelques doutes sur l’aide réelle et pérenne à la mobilité étudiante dans le contexte budgétaire actuel.

Mais surtout,
une solution de court terme, adaptée à une situation budgétaire contrainte

  • la CGT y voit le risque d’un enseignement supérieur à 2 vitesses, les petits établissements de proximité accueillant les étudiants rejetés des masters prestigieux des grands établissements élitistes et par ailleurs bien dotés.
  • Dans le contexte d’austérité budgétaire actuel, les établissements adaptent leurs capacités d’accueil aux moyens dont ils disposent et non aux besoins des étudiants.

Solution inadaptée à la Stratégie nationale d’Enseignement supérieur

  • L’augmentation de la qualification impose de ne pas restreindre l’accès aux études supérieures mais au contraire de le favoriser. Comme cela a été dit de très nombreuses fois depuis la présentation de la StraNES, les moyens mis en regard des ambitions affichées ne sont pas à la hauteur. Ce n’est pas le budget 2017 qui changera la donne.
  • Il faut de réels moyens de suivi et d’orientation dès la deuxième année de licence, favoriser les passerelles pour la réussite du plus grand nombre d’étudiants. Par exemple, l’accès en LP devrait être facilité au niveau L3 ou des LT moins spécifiques que les LP pourraient être créées. Par ailleurs, la poursuite d’études en master correspond-elle toujours à un vrai projet de formation ou est-ce un pis-aller compte-tenu du marché du travail ? Une analyse économique et sociologique serait bien utile.
  • Mais aussi, il faut faire de la licence un diplôme reconnu dans le secteur économique, permettant aux titulaires de ce diplôme d’entrer dans la vie professionnelle dans de bonnes conditions. Nous sommes très inquiets de la multiplication des bachelors dans les écoles largement soutenue par le MEDEF. Les titulaires de bachelors payants et labellisés revendiqueraient à la fois la professionnalisation et le droit à la poursuite en master alors que la l’université serait réservée uniquement à l’accès aux niveaux L et D tout en étant obligée d’accueillir tous les bacheliers.
  • La sélection ne règlera pas les problèmes rencontrés par les universités. Amener 25% d’une classe d’âge au niveau master, augmenter le nombre de doctorants, cela ne se fera qu’avec des moyens financiers et humains conséquents. La CGT n’accompagnera pas la pénurie et ne votera pas pour ce projet.