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mardi 1er octobre 2019

Site web du syndicat CGT de l’université Aix-Marseille

Le côté obscur de Jacques Chirac

JACQUES CHIRAC. Un si bon président !!!

Le « Bulldozer », comme l’appelait Georges Pompidou, a calé.
Depuis jeudi, les hommages pleuvent sur l’ancien Président de la République. Refus de la guerre en Irak, discours de Johannesburg, ami des Palestiniens, rafle du Veld’hiv, homme cool, fidèle, soucieux des autres… Soit ! Mais il serait bon de rappeler le côté obscur, avant de procéder à sa béatification.

De 1986 à 1988, c’est la première cohabitation. Jacques Chirac, premier ministre de François Mitterand, privatise à tours de bras : Saint Gobain, Paribas, TF1, Société Générale, Havas, Matra, Suez… « Avant la fin de l’année (1986), la France aura un autre système de valeurs que celui sur lequel elle vivait précédemment », fanfaronne t-il.
Le « Bulldozer » veut aller vite, mais il sera stoppé en novembre sur sa réforme des universités : le projet Devaquet pour l’autonomie des universités (finalement abouti sous Sarkozy) générera un mouvement étudiant d’ampleur. Surtout, le 5 décembre 1986, la mort de Malik Oussekine, frappé par les « voltigeurs », brigades motocyclistes armées de matraques, provoquera la crainte durable qu’un mouvement de jeunesse ne s’envenime.
Au final, après deux ans de libéralisation de l’économie à outrance, le pari de Chirac d’inverser la tendance du chômage, sa « priorité absolue », est perdu : la France compte 200 000 demandeurs d’emploi de plus au printemps 1988 qu’au début de cette première cohabitation. Et cette dernière se termine, le 4 mai 1988, à quatre jours du second tour où Jacques Chirac affronte le président sortant François Mitterrand, par le massacre de la grotte d’Ouvéa.

En 1992, Jacques Chirac soutien le oui au traité de Maastricht, qui l’emporte, de peu, avec 51,05 % de votes favorables. Dès lors, le libre-échange et l’ultralibéralisme deviennent la règle européenne.

Le 7 mai 1995, Jacques Chirac est élu Président de la République. Moins d’un mois après sa prise de fonction, il ordonne la reprise des essais nucléaires français dans le Pacifique. Puis le cortège des privatisations reprend : Pechiney, Usinor-Sacilor, AGF, Bull…
L’hiver 95-96 est marqué par des grèves massives, les plus longues depuis 1968, contre un projet de réforme des retraites du public prévoyant un allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 annuités. La lutte est victorieuse et le projet finalement retiré. Par contre, le gouvernement s’en prend une fois de plus à la Sécu, réduisant les remboursements de médicaments, bloquant et imposant les allocations familiales, augmentant la CGS et créant le CRDS.
Le 23 août 1996, c’est l’évacuation musclée de l’église Saint-Bernard, où se sont réfugiés 210 sans-papiers, dont la porte est fracassée par les gendarmes mobiles à coups de hache.
En 1997, il approuvera le traité d’Amsterdam, qui met en place le pacte de stabilité et l’austérité contrainte. Il signe en 2002, avec son premier ministre de cohabitation Lionel Jospin, l’allongement de l’âge de la retraite et la flexibilisation renforcée du marché du travail, lors du sommet de Barcelone.

Puis vient son second mandat de Président, durant lequel il a porté sinon une vision, du moins une série de réformes dont la droite se réclame encore. Comme la réforme Fillon des retraites en 2003, qui, en prônant l’allongement de la durée de cotisation, trace un chemin que la droite suit encore aujourd’hui. Enfin, au printemps 2006, le gouvernement lance le contrat première embauche (CPE), qui mobilisera victorieusement toute une génération de lycéens, étudiants et jeunes actifs, jusqu’à ce que cette loi soit remplacée. En cette fin de règne, la popularité de Jacques Chirac n’est plus que de 16%.