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vendredi 29 novembre 2019

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Quand c’est gratuit c’est nous le produit : dégooglisons la fac

Lettre ouverte à la Présidence de la Sorbonne Nouvelle

Cher Président, Cher.e.s Vice-Président.e.s,

Poursuivre l’adoption généralisée des outils Google à Paris 3 nous semble très inquiétant. L’université habitue les étudiants à utiliser les services google pour leur vendre plus tard… Ces outils « gratuits » ont été acquis au prix d’un accès libre de Google à nos données et à celle de nos étudiants, et sans qu’ils aient pu le refuser et même sans qu’ils en soient conscients, sans non plus qu’aucune garantie ait été publiquement donnée sur l’utilisation de ces données par le géant américain, pourtant coutumier des dérapages en ce domaine. Cela s’inscrit pleinement dans la société de la surveillance actuelle et en tout cas, ne se justifie en rien au sein de l’Université. Si transparence il doit y avoir sur nos activités, celle-ci ne concerne que notre communauté et aucunement des plateformes numériques dont le métier est précisément la monétisation des données au mépris bien souvent du respect de nos vie privées et professionnelles.

Nous nous inquiétons du recours aux outils Google qui s’intensifie au sein de notre établissement. Pour ne citer que 2 exemples : avant l’été, un vote électronique a été mis en place (certes, dans l’urgence) pour décider de postes d’enseignants. Ce mois-ci, un sondage en ligne sous la forme d’un Google Form nous a été soumis pour décider la future appellation de notre université. Et ce alors même que d’autres outils plus efficaces existent à l’université.

A cet égard, les nombreuses affaires, plaintes et procédures judiciaires à l’encontre de sociétés comme Google, Facebook et Amazon ne semblent décidément pas vous inquiéter !

Pour rappel :
• L’équipe précédente a imposé aux étudiant.e.s et aux personnels de Paris 3 un outil Gmail qui livre nos données à une entreprise de droit étatsunien. Un Google Mail qui d’ailleurs n’ose pas porter son nom en se dissimulant aux yeux de nos destinataires sous l’appellation "@sorbonne-nouvelle.fr" ! Ces transferts de nos données vers les serveurs de la société Google, ainsi que les exploitations qu’elle peut en faire, portent atteinte à nos droits fondamentaux, en particulier au respect de nos vies privées et à la confidentialité de nos échanges professionnels. Nombre de nos communications comportent des données permettant de connaître notre niveau de rémunération, notre localisation géographique à tout moment, etc., voire certaines données sensibles : notre état de santé en cas d’arrêt-maladie ou nos opinions syndicales.

Continuer à livrer en pâture ces données à Google et faciliter ainsi notre profilage numérique nous semblerait pour le moins irresponsable !

• Un appel pour "l’abandon des services de Google et le retour à une gestion publique de la messagerie de l’Université Sorbonne Nouvelle"" avait d’ailleurs été signés par 126 personnels de l’université, y compris notre président actuel . Nous exigions notamment un stockage et une conservation de nos données par des acteurs de confiance : notre université ou tout autre établissement public et non un acteur privé au modèle économique fondé sur l’exploitation de nos données.

Nous vous rappelons donc l’existence de cet appel qui, par ailleurs, correspond pleinement à vos engagements en matière de consultation des personnels et de prise en compte des avis et des opinions de chacune et chacun dans la vie et l’administration de notre établissement. Et on rappelle que l’utilisation des logiciels libres est préconisé par la loi.

Nous demandons donc en vue du prochain CA de notre université que :

  1. toutes les clauses portant sur les modalités de collecte, de traitement et d’exploitation de nos données soient communiquées à l’ensemble de la communauté universitaire de Paris 3 au titre de la transparence définie par le Règlement européen sur la protection des données personnelles ;
  2. le contrat soit dénoncé dans les meilleurs délais, le temps de mettre en place une solution interne respectueuse de nos vies privées et professionnelles ;
  3. tout sondage et toute collecte de données personnelles et professionnelles se fassent à l’aide d’outils sécurisés et jugés plus fiables (par exemple, intégration de sondage Limesurvey)
  4. l’université coopère avec une organisation comme l’association Framasoft pour dégoogliser internet et mette en place ou maintienne des outils libres et alternatifs : Nextcloud à la place du Google drive, Talk à la place de Hangout, Sympa à la place de Google liste…