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mardi 15 mai 2018

Blog de la CGT FERC Sup Paris3

Suite de la mobilisation contre la loi ORE

La CGT FERC Sup - Paris 3 condamne l’intervention policière du lundi 30 avril qui marque l’échec de la gestion de la crise par la Présidence, l’abandon de la tradition universitaire de négociation en interne lors des mouvements étudiants et la fin du respect de la franchise universitaire : c’est le recours à la force qui a été choisi.

Alors que des négociations avaient lieu avec les occupant.e.s du bâtiment D, permettant d’envisager la reprise des activités administratives et de certaines activités d’enseignement de l’université (le texte émanant du comité de mobilisation est en Annexe), tous les locaux sur censier ont été de fait fermés, hormis quelques exceptions échappant à toute logique : le bâtiment E a ainsi été ouvert durant quelques jours. Heureusement, la bibliothèque a été accessible au public durant la majeure partie de la crise ouverte, sans que cela ne pose apparemment de problème… La Présidence a établi, en dehors de tous les conseils et commissions de l’établissement, une cellule de crise auto-proclamée. Nous nous étonnons que des représentant.e.s du CHSCT de l’établissement n’aient même pas été consulté.e.s sur les mesures prises durant la crise (redéfinition de la nature de certains locaux, classification des missions prioritaires ou non), le tout dans un flou permanent.

Cette crise a au moins permis de mettre la loi ORE et plus particulièrement Parcoursup au centre des débats. Parcoursup trie, ordonne et sélectionne suivant des critères variables des milliers de candidat.e.s dans le plus grand désordre.

Le refus absolu, au niveau national comme au niveau de Paris 3, de débattre ouvertement des implications de cette sélection avérée fait perdre toute légitimité à un processus fondé sur un mensonge, outre qu’il ignore superbement le large mouvement d’opposition constaté ces dernières semaines par rapport à l’application de la loi ORE. Indépendamment du caractère hâtif, désorganisé et forcément inéquitable de Parcoursup, la CGT FERC Sup – Paris 3 réclame donc l’ouverture d’un vrai débat, et pas d’une pseudo-consultation évacuant la question de l’application de Parcoursup, d’autant que les conséquences de l’évolution actuelle débordent largement l’accueil des primo-entrant-e-s dans notre université.

 
La CGT FERC Sup – Paris 3 rappelle en effet que le processus chaotique introduit par Parcoursup laisse entière la question du sort des candidat-e-s n’ayant pas eu de place -et il y en aura forcément, puisqu’il manque des dizaines de milliers de places, après des années de désinvestissement étatique. Parcoursup expose aussi à de multiples procédures en tribunal administratif des Universités auxquelles est transférée la responsabilité de cette situation, sans qu’elles puissent y faire face. Enfin, pour les candidat-e-s admis-e-s, Parcoursup favorise le regroupement des candidat-e-s avec la meilleure formation initiale dans certaines filières et la relégation des autres dans des filières moins "cotées", au risque d’aggraver encore les processus de sélection sociale et d’inégalité entre formations. Ce résultat, que beaucoup de collègues croient pouvoir approuver par désespoir devant la disproportion entre nos moyens et les besoins en formation complémentaire des étudiant-e-s, ne changera rien à l’existence de ces besoins ; la CGT FERC Sup – Paris 3 rappelle que les élèves du secondaire bénéficiant d’un capital social important sont depuis longtemps orienté-e-s vers les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), institutions à la fois sélectives et surdotées auxquelles l’Université n’a aucune chance de faire sérieusement concurrence autrement qu’à la marge. En revanche, la transformation de ladite université en CPGE -bis ou -ter signera l’abandon de sa mission de service public, et conduira nécessairement à terme à poser la question de la légitimité d’un financement public. Si nous trions nos étudiant-e-s, si nous n’assurons plus l’accueil de tou-te-s, à quel titre l’État devrait-il nous financer et nous laisser le statut de fonctionnaires ? La CGT FERC Sup – Paris 3 encourage les collègues favorables à la loi ORE à envisager ses conséquences avant de l’appliquer.

 
Il faut, encore et toujours, résister à son application par tous les moyens : un appel à la rétention des notes a ainsi été lancé, certains envisagent par ailleurs de démissionner de leurs charges administratives.