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mardi 12 janvier 2021

Déclaration liminaire de la CGT au CNESER du 12 janvier 2021

Madame la Ministre,

Mépris, épuisement, désobéissance, incendie criminel, suicide, confusion, défaillance, révolte, grève, abandon, incohérence, chaos, … ce sont quelques-uns des mots qui jalonnent les titres de ce qu’on peut lire ou entendre en ce moment sur l’université et l’ESR, et pas que sur les réseaux sociaux !

Où êtes-vous, Madame la Ministre ?

Pas au CNESER ce jour, devant les représentants de la communauté de l’ESR, vous n’êtes venue nous voir que pour imposer votre LPR dans une mascarade de concertation en juin dernier.

Pas au CHSCT ministériel non plus : depuis le début de ce mandat, vous ne vous êtes jamais rendue devant cette instance que vous devriez pourtant présider en vertu du décret n°82-453, instance qui produit des avis unanimes précis mais totalement ignorés par vos services, alors que nous sommes en pleine pandémie.

Les étudiant·es sont en grande souffrance, les personnels aussi. Et alors que la situation sanitaire est à la source de leur très nombreux problèmes et difficultés, vous n’avez rien de plus pressé, rien de plus urgent que de poursuivre inexorablement votre agenda politique. Votre ministère met son énergie, ses moyens au service de la continuation de politiques et de choix que refusent pourtant dans sa grande majorité le monde de la recherche et de l’enseignement supérieur.

Pendant ce temps, la détresse des étudiant·es ne fait que croitre. Leur détresse et leur désarroi. Aux étudiant·es de 2020/2021 on oppose une chape de silence. Lors des interventions du 1er ministre pas un mot pour eux. Pas de cours en présentiel et les étudiant·es enfermés chez eux suivent comme ils peuvent les enseignements que leur délivrent des personnels qui n’enseignent depuis des mois que devant des écrans noirs et des pastilles.

Ce ministère devrait se consacrer à la situation sanitaire, travailler à donner les moyens aux universités, aux personnels, aux étudiant·es pour que, malgré la covid19, ils puissent remplir leur mission, travailler, étudier. Les personnels se désespèrent de la situation qui leur est faite, des étudiant·es abandonnent découragés par trop d’incertitudes, par trop de propos contradictoires, par épuisement moral et psychologique.

Les étudiant·es et les personnels, après deux mois de cours à distance, seraient supposés se satisfaire de revenir pour les examens puis de repartir derrière leurs écrans ? Pour répondre aux demandes légitimes de la communauté universitaire, vous sortez une circulaire à la veille de Noël, en mode faux espoirs, circulaire inapplicable pour la plupart des établissements, qui ne répond ni aux besoins ni aux réalités des formations et d’ailleurs contredite depuis par le décret du Premier ministre du 9 janvier.

Alors où en sommes-nous ?

Les universités peuvent-elles aujourd’hui organiser leurs propres conditions d’ouverture, selon les choix que feront leurs conseils, et sans avoir besoin de solliciter l’accord du rectorat ? Peuvent-elles choisir le nombre d’étudiant·es concernés, leur niveau de diplôme et le calendrier de leur accueil ? Mais en fonction de quoi ? De la configuration de leurs locaux, de leur capacité à respecter les mesures sanitaires nécessaires ? De leurs moyens ? Elles n’en ont pas, des moyens...

Il leur faudrait des locaux. Il faudrait des postes, pour les services techniques pour les bâtiments et l’entretien, pour les services administratifs pour les réorganisations des emplois du temps et les relations avec les étudiant·es, pour les enseignant·es pour le surtravail engendré par le travail à distance, pour la médecine préventive, pour recruter des psychologues. Il faudrait des moyens pour les CROUS, pour que les étudiant·es puissent manger dans un cadre compatible avec les contraintes sanitaires actuelles.

Quand allez-vous décider de la gratuité des loyers pour les étudiants·es ? Qui paie les billets de train de ceux qui sont rentrés chez eux et doivent revenir en présentiel pour quelques heures d’examen ?

Où sont les tests massifs nécessaires au retour des étudiant·es ? Les ARS vont-elles continuer à se défausser sur les établissements ?

Pourtant, ne voyez-vous pas ? Tout ce que votre gouvernement essaie de détruire (service public, dépense publique, hôpital, fonctionnaires…), c’est ce qui nous sauve en ce moment. C’est ce qui pourrait sauver nos étudiant·es et nos collègues.
Mais vous n’êtes pas là ... Vous êtes sans doute en train de mettre en œuvre votre loi qui pourtant contient tous les éléments de destruction de notre service public d’ESR : destruction des statuts nationaux, généralisation de la précarisation, mise en concurrence des établissements et des personnels, tout ce que nous dénonçons depuis des mois.

Pour preuve, aujourd’hui, LPR oblige, la CP-CNU constate que le dialogue est rompu avec vous et votre ministère qui affiche désormais sans fard sa volonté de contourner l’instance et de ne même plus lui donner les moyens de fonctionner correctement. Pourtant la qualification fait partie intégrante du recrutement par concours des enseignant·es-chercheurs ; elle était garante de l’égalité de traitement des candidats de chaque discipline par-delà la diversité des caractéristiques propres à chacune d’entre elles et par-delà la diversité des situations territoriales de chaque établissement.

Nous ne voulons pas de votre loi ni de sa mise en œuvre, nous voulons des moyens, en urgence, car la santé des étudiant·es et des personnels est en jeu ! Le retour en présentiel dans des conditions sanitaires sécurisées est de votre responsabilité Madame la Ministre ! ....