"Pour un Service public national d'Enseignement supérieur et de Recherche laïque, démocratique et émancipateur"
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Dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR), l’austérité s’accompagne d’un vaste plan de restructuration, initié au début du siècle à l’échelle européenne, et visant à privatiser le marché de la connaissance. En France, le statut de la fonction publique est un obstacle à la privatisation des établissements d’enseignement supérieur. C’est pourquoi la marche vers la précarisation est ouverte et a accéléré depuis plus de 10 ans.
Le processus de Bologne vise à ouvrir, à l’échelle européenne, l’économie de la connaissance. Il fut immédiatement complété par un agenda adopté par les 15 membres de l’Union Européenne à l’occasion du Conseil de Lisbonne en mars 2000. Cet agenda fixe les échéances d’une série de contreréformes, visant à développer l’innovation (en lieu et place de la recherche) et l’économie de la connaissance (en lieu et place de son développement et de sa diffusion).
De 2002 à 2005, c’est l’instauration du système Licence-Master-Doctorat (LMD) dans toute l’Europe sur le modèle anglo-saxon. Ce système est incompatible avec le premier cycle en deux ans pratiqué en France (DEUG, IUT, classes préparatoires). Dix ans plus tard, cette réforme a profondément désorganisé l’enseignement supérieur en barrant l’accès au plus grand nombre. Aujourd’hui, le DEUG a disparu et le DUT est en voie d’extinction au profit de la Licence Pro.
En 2007, la loi Liberté et Responsabilités des Universités, dite LRU-Pécresse, ouvre grande la porte aux contre-réformes attendues depuis des décennies par la droite mais longtemps bloquées par le mouvement social de 1986. En transférant de nombreuses compétences aux établissements, elle amorce le désengagement progressif mais régulier de l’État. Depuis et sans surprises, la dotation de l’État va décroissant et ne couvre plus dorénavant la totalité du salaire des fonctionnaires. L’une après l’autre, les universités sont mises en difficultés financières et, pour certaines, mises sous tutelle. Le recteur, chancelier des universités, prend alors le contrôle des établissements et impose l’austérité.
Qui parlait d’autonomie ?
En 2013, avec la loi LRU-Fioraso F. Hollande et G. Fioraso confirment et amplifient les contreréformes sarkozistes. Sans rien défaire, cette loi accélère la régionalisation des établissements d’enseignement supérieur en créant les Communautés d’Universités et d’Établissements, les ComUE, qui broient établissements (universités et organismes de recherche), les moyens et les emplois.
Le désengagement de l’État conduit mécaniquement à l’augmentation de la précarité ; aujourd’hui, 1/3 des emplois des personnels BIATSS sont occupés par des contractuels. Le nombre de postes mis au concours ne cesse de diminuer. Quant aux salaires, les agents du secteur ont perdu 15 % de pouvoir d’achat depuis 2000, comme l’ensemble des fonctionnaires. Les services sociaux doivent faire face à un développement de la paupérisation inédit. Dans le même mouvement, il n’y a plus de financement pour la maintenance et l’entretien des bâtiments. Au fil des années, malgré les allégations gouvernementales, le service public d’ESR et ses personnels perdent régulièrement des moyens et leur capacité à répondre aux besoins de formation et de recherche de la société française.
Les investissements dans les établissements sont dorénavant le fruit de montages financiers abracadabrantesques mais juteux pour les banques et les marchés financiers. Après des privatisations partielles (vente de 3 % d’EDF en 2007 pour les Plans Campus, 5 milliards), après des emprunts publics (Grand Emprunt depuis 2010, 47 milliards), l’État prélève des sommes importantes pour les placer immédiatement en bourse. Ce sont les revenus financiers de ces placements qui sont alors répartis entre les universités « méritantes » ou les projets « d’excellence ».
Cette financiarisation s’accompagne d’une mise en concurrence effrénée des établissements d’enseignement supérieur, des laboratoires, voire des agents entre eux. Cette course à l’excellence se décline en universités d’excellences (IDEX), laboratoires d’excellences (LabEx) et projets d’excellences (EquipEx) après dépôt de projets sélectionnés par un aréopage international. Pour ceux qui n’ont pas réussi à obtenir le Graal de l’« excellence », il reste la voie du label I-SITE (intiatives science-innovation-territoires-économie). Les autres financements sont décernés par l’Agence Nationale pour la Recherche (ANR), avec un taux de réussite de 8 % seulement. Quant à ceux qui n’auront été sélectionnés nulle part... Vae Victis (Malheur aux vaincus) !
Avec un gigantesque plan social qui n’est pas encore annoncé mais qui touche 500 000 salariés et 2,5 millions d’étudiants, les établissements sont soumis à des restructurations de très grande ampleur qui les obligent soit à fusionner entre eux pour constituer d’énormes universités éclatées sur des dizaines de sites, soit à rejoindre des communautés d’universités et d’établissement (ComUE) encore plus grosses, qui peuvent associer public et privé ... Les plus petits et les plus faibles sont condamnés à disparaître : fermeture de sites, mobilités contraintes, licenciements, non-renouvellement de contrats...
La CGT est présente dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche depuis le début des années soixante. Autour des personnels techniques et administratifs d’abord, elle s’adresse aujourd’hui à tous les agents du secteur. Grâce au déploiement de l’activité militante et à nos luttes, nous parvenons à des victoires locales bien réelles :
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