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lundi 14 novembre 2022

CGT - Université de Lille

Journal de la CGT Université de Lille n°47

Sommaire :

Perdu de vue, appel à témoins : où sont les postes supprimés ?

L’avis du Comité Technique (CT) de l’Université sur le dialogue de gestion 2023 a été recueilli le 28 octobre. Suivant la lettre de cadrage adoptée par le Conseil d’Administration en juin dernier, le nombre de postes d’enseignants et d’enseignants-chercheurs mis au concours sera de 92, soit le nombre de postes vacants de cette année. Pour les emplois BIATSS, c’est la suppression d’un poste vacant sur deux, soit la suppression de 42 postes de titulaires et 5 emplois ANT.
La CGT a demandé au Président, le 21 octobre, de communiquer au comité technique les informations permettant de savoir où seront localisées les suppressions d’emplois. Il revient en effet au CT de mesurer la soutenabilité non financière mais humaine du dialogue de gestion 2023. À ce message, il nous a été répondu que le suivi des départs de BIATSS pourra être discuté durant le CT.
Or en séance du CT, le Président a répondu que le pilotage RH n’était pas suffisamment fin actuellement et qu’un bilan sera fait en avril-mai 2023. Il affirmait qu’il était nécessaire de mieux travailler sur l’adéquation entre postes et missions. Il avançait que la suppression d’un poste sur deux ne signifiait pas forcément un accroissement de travail car certaines missions n’étaient plus nécessaires.
Évidemment, le CT a émis un avis défavorable.

Vote : Contre : 7 (3 CGT / 2 FSU / 2 SGEN CFDT) Abstention : 1 (1 SNPTES)

Le Conseil d’Administration a, pour sa part, donné un avis favorable au dialogue de gestion alors que ni ses membres, ni la Direction ne connaissent les conséquences réelles de la suppression d’un poste BIATSS vacant sur deux.

La Direction refusant de nous informer avant le printemps, nous lançons cet appel à témoins.
Si vous avez connaissance d’un-e collègue BIATSS parti-e et non remplacé-e, remontez-nous l’information ! Merci de nous préciser si le travail du collègue était inutile ou essentiel. Nous communiquerons cette information à la Direction de l’Université qui semble manquer d’informations RH fiables et à l’ensemble des personnels afin que toutes et tous sachent de quelle activité ils devront se passer.

Vous trouverez ici le document de synthèse du dialogue de gestion 2023.

Aucune cause pour le non-renouvellement d’un contrat !

Cet été, la CGT Université de Lille a accompagné un agent non titulaire qui cumulait les contrats et avenants depuis plus de 5 ans et qui s’était vu notifié un non-renouvellement.
À notre connaissance, ce non-renouvellement n’a pas été motivé alors que l’emploi occupé par notre collègue était pérenne. De plus, il donnait entièrement satisfaction dans l’exercice de ses missions. Nous l’avons constaté par la lecture de ses entretiens professionnels mais également par l’avis de son N+1 qui a rédigé la lettre de recommandation que vous pouvez lire ici.

La Direction a été contactée sur cette situation ubuesque mais le Président n’a pas donné suite au recours gracieux de notre collègue "motivé, agréable et efficace".
La CGT Université de Lille ne peut faire d’autre analyse que la volonté de la part de la Direction de l’Université de ne pas pérenniser certains postes par l’obtention d’un CDI. Nous espérons que la justice en décidera autrement. Mais dans cette attente, notre collègue a dû s’inscrire à Pôle Emploi.

Être lauréat d’un I-site confirmé n’empêche pas la relégation universitaire, et nous serons tous perdants !

Les « ex-Lille 1 » se souviennent des paroles de J.C. Camart, alors Président, lors du dernier dépôt des candidatures à l’IDEX. Les métaphores footballistiques avaient la cote. Ne pas candidater, c’est accepter d’être relégués en seconde division !
Depuis, l’Université a été lauréate non d’un IDEX mais d’un I-site. Elle a réalisé une fusion en 2018 puis s’est transformée en EPE en 2022. Son I-site a été confirmé. Mais qu’en est-il des conditions de vie et de travail sur les campus ?
Un micro-trottoir rapide réalisé auprès des personnels ayant connu l’avant-fusion est édifiant.
Beaucoup de sacrifices, de changements de procédures, de logiciels pour finalement ne pas sortir de la spirale de la suppression d’emplois, de la dégradation du patrimoine immobilier…
On annonce un énième plan de soutenabilité de l’offre de formation, traduisez par la fermeture programmée des formations à faible effectif, la perte de la diversité disciplinaire.
Celles et ceux qui voient, tous les jours, les étudiants manger par terre, dans les couloirs, les halls, ou sur les tables d’extérieur (tant qu’il ne pleut pas et que la température est douce) par l’insuffisance de l’offre de restauration collective (ou la destruction d’un RU), ne peuvent décemment penser que cela aille mieux ! Parlons aussi de la pénurie de logement étudiant et de l’inflation des loyers dans le secteur locatif privé. Les pénuries de salles d’enseignement entraînent une extension des horaires d’enseignement sans prendre en compte les trajets des étudiants et leur temps de restauration. Qui peut penser, sans être hypocrite, que les étudiants sont dans de bonnes conditions pour réussir !

Que sommes-nous devenus ?
La course à l’excellence est un marché de dupes ! Elle signe le désengagement de l’État pour son enseignement supérieur et ouvre grand la porte à la concurrence du secteur privé. Car, en effet, dès que le service public va mal, celles et ceux qui en ont les moyens ou en font le sacrifice partent dans le privé. Mais n’est-ce pas là l’objectif des dernières mandatures à la présidence de l’État ?
Cédric Hugrée et Tristan Poullaouec, dans le Monde diplomatique d’octobre 2022, démontrent comment l’instauration de la plateforme Parcoursup a introduit la sélection à l’accès du supérieur pour des titulaires du Bac, pourtant premier grade du supérieur. En quatre années, le monde universitaire initialement hostile à la sélection a basculé en faveur de la sélection faute de moyens. Le nombre de licences sélectives à l’inscription explose. Ainsi, lors de la dernière année d’Admission Post Bac (APB), une centaine de licences procédaient à des tirages au sort illégaux pour départager des candidats faute de places offertes. En 2021, 773 licences n’ont retenu au plus que 50 % des candidats, soit un quart de licences proposées sur Parcoursup. Les auteurs rappellent que dans APB, c’étaient les lycéens qui avaient le dernier mot. Dans Parcoursup, ce sont les filières sélectives qui décident en fonction de leur capacité d’accueil et de leur choix de profils de bacheliers.
Nous pouvons aussi ajouter « Trouver mon master ». Là aussi, la même logique, on fixe des capacités d’accueil faute de moyens ou pour des raisons d’élitisme, et l’on abandonne des diplômés de licence qui devraient de droit pouvoir opter d’entrer en Master. Mais ils iront dans les boîtes d’enseignement privé !

L’université reléguée par les politiques publiques finira par être abandonnée par les citoyens. Il y a un grand danger à épouser les politiques libérales qui ne conviennent pas au service public, c’est celui de briser le consensus social qui permet de justifier son financement public. Dès lors qu’elle ne fonctionne plus correctement, qu’elle est sélective, tout un chacun entendra ne plus financer par l’impôt l’Enseignement supérieur et donc la Recherche. En effet, comment justifier de financer un service public défaillant ?
Nous ne pourrons plus les blâmer !

Décès de notre collègue et Camarade Philippe Dehaudt

Nous avons appris, le 10 octobre, le décès de notre Camarade Philippe Dehaudt.
Philippe était arrivé à l’université de Lille 3 en 1970 au service de l’imprimerie, il avait ensuite été technicien au CAVUL, mais beaucoup l’ont connu directeur du SCAS.
Avec Nadine Savary, il a contribué à l’essor de la CGT à Lille 3 dont il a été le Secrétaire Général pendant de longues années, motivé par la défense des intérêts des travailleurs. Il a siégé dans les conseils de l’Université (CA, CT et commissions…). C’est en 2018 qu’il a pu faire valoir ses droits à la retraite.
Malgré la peine, nous savons la chance que nous avons eue de le connaître, de militer, et de partager de bons moments avec lui.
Nos pensées vont également vers Françoise son épouse, sa famille, ses collègues, ses amis.
Il a été inhumé au cimetière de Flers-Breucq à Villeneuve d’Ascq le lundi 17 octobre.

Que doit-on apprendre à nos étudiants ?

L’objectif d’insertion professionnelle conduit de plus en plus à s’adapter aux besoins des éventuels employeurs (il n’y a qu’à voir le développement de l’apprentissage, la présence des ’partenaires’ employeurs dans les personnalités extérieures dans les conseils centraux ou de perfectionnement, la construction des maquettes en ’compétences’...). On en oublierait presque les connaissances, l’apprentissage pour et par la recherche... Hors, patatras, un récent rapport de l’OCDE (en anglais : https://www.oecd-ilibrary.org/sites/cc9fa6aa-en/index.html?itemId=/content/publication/cc9fa6aa-en ) constate que les étudiants sont de moins en moins bien formés à la ’compétence’ (passons sur le terme) ’pensée critique’. Cette étude menée auprès de 120 000 étudiants de 6 pays (États-Unis, Royaume-Uni, Italie, Mexique, Finlande et Chili) relève que les employeurs estiment que les diplômés sont de moins en moins bien formés aux ’compétences’ (toujours...) nécessaires, telles que ’la résolution de problèmes, la communication, la créativité et la pensée critique’. Finalement, nous en arrivons à un paradoxe qu’à force de vouloir former des étudiants ’prêt à l’emploi’, on finit par perdre, y compris pour les employeurs, les qualifications que l’enseignement supérieur savait auparavant transmettre aux étudiants !

Sobriété énergétique vous avez dit ?

Dans le hall d’accueil de la FSJSP, les agents du service de sécurité connaissent bien depuis des années le concept de sobriété énergétique. En effet, aucune suite n’a jamais été donnée aux demandes des agents d’un espace clos chauffé permettant de se tenir au chaud à tour de rôle.
Leur poste, tout près des portes automatiques, se compose d’un bureau, d’un paravent, récupérés tous deux avant d’être jetés à la benne et d’un chauffage « d’appoint » inefficace. Mais ce n’est pas tout, il y a plusieurs années, il n’a été fourni aux agents qui ont osé insister qu’une parka et des chaussettes. Quant aux autres… Depuis, plus aucune fourniture, la réponse invariable est « pas de budget ». Ainsi la plupart des agents travaillent avec des tenues qu’ils ont dû acheter ou d’anciennes héritées de leurs précédentes affectations. Les agents sont déjà habillés très chaudement en octobre, alors que l’hiver n’est que dans un trimestre ! Et tant qu’à faire, autant ne pas s’arrêter en si bon chemin ! Un supérieur hiérarchique s’est amusé de leur tenue hivernale précoce à plusieurs reprises.
Après des années, on leur a promis un vestiaire digne de ce nom et l’installation d’une guérite dans le hall, non sans préciser que son encombrement posait des problèmes. Cela semblait amuser le supérieur hiérarchique mais il était bien le le seul ! Nos collègues, eux, ne sont pas vraiment hilares.
C’est inadmissible de poster ainsi des agents dans un hall ouvert aux quatre vents !
Enfin, le nombre d’agents employés pour assurer l’ouverture, la fermeture, la sécurité est seulement de cinq, alors qu’il devrait être le double. Un seul agent est disponible pour les interventions SST. Ce maigre effectif étonne d’ailleurs les responsables RH, car très en dessous des limites acceptables. Ainsi au nom « d’impératifs budgétaires », on joue avec la sécurité des collègues travaillant à Moulins et les conditions de travail des agents de sécurité.

Parents : congés, autorisations d’absences, travail à temps partiel et disponibilité des personnels BIATSS

Que vous soyez fonctionnaires, stagiaires ou contractuels, vous avez droit à des congés, rémunérés ou non, liés à la naissance, l’adoption ou plus généralement à la parentalité. En plus de ces congés, vous pouvez bénéficier d’autorisations spéciales d’absences liées aux enfants. Celles-ci peuvent être de droit ou facultatives donc variables d’un établissement à un autre. Vous pouvez également demander à travailler à temps partiel ou à être placé·e en disponibilité.
La CGT FERC-Sup a publié un document qui a pour but de recenser l’ensemble des dispositifs existants pour vous aider à mieux faire valoir vos droits et en conquérir de nouveaux.

Mensualisation du paiement des vacations d’enseignement : c’est pour demain ou pour aujourd’hui ?

L’Université de Lille répond-elle aux exigences légales qui lui imposent la mensualisation du paiement des vacataires au plus tard à partir du premier septembre 2022 ?
C’est une très ancienne revendication. Déjà, un collectif de doctorants vacataires avait égayé les réunions des conseils de feu la COMUE et rencontré les Présidences des universités de Lille 1, 2 et 3 avant la fusion pour arracher quelques promesses qui sont restées lettre morte.
L’article 11 de la Loi de Programmation de la Recherche (LPR) rend désormais obligatoire la mensualisation au 1er septembre 2022 des vacations d’enseignement.

https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/article_jo/JORFARTI000042738043
I.-Après le troisième alinéa de l’article L. 952-1 du code de l’éducation, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La rémunération des chargés d’enseignement vacataires et des agents temporaires vacataires est versée mensuellement. »

II.-Le I entre en vigueur au plus tard le 1er septembre 2022.

La CGT a donc adressé le 19 octobre dernier, les questions suivantes au Président et à la DRH :

  • Quel est le délai du paiement de la première mensualisation à partir de la signature du contrat ?
  • Pourriez-vous nous indiquer quelle procédure a été déployée sur l’Université à cette rentrée pour satisfaire à cette exigence réglementaire ?

À ce jour, nous n’avons pas reçu de retour…
Nous nous tournons donc à nouveau vers nos lecteurs pour nous rassurer ou non sur la mise en application de cet article sur l’Université de Lille. Connaissez-vous des chargés d’enseignements ou des agents temporaires vacataires ayant signé leur contrat et pour lesquels la mise en œuvre de la mensualisation se laisse désirer ? N’hésitez pas à nous remonter les cas !

Faudra-t-il saisir le Recteur afin qu’il exerce son contrôle de légalité des actes de l’Université de Lille ?

CHSCT octobre 2022

→ ENERGIE 
Suite à de nombreuses interpellations de la part des collègues, le CHSCT a demandé un point concernant le chauffage à l’Université, le Président nous a répondu que la mise en marche du chauffage se ferait après la pause pédagogique sous couvert de conditions climatiques favorables. Si ce n’était pas le cas, cela se ferait avant.
Il a rappelé que la circulaire du plan de sobriété demande 10% d’économie soit environ 10 millions d’euros en prévisionnel à partir de la facture de référence.
Entre janvier et mars, il y aura des risques de délestages électriques. En cas de coupure, la journée serait alors considérée comme faite, les agents ne pouvant pas télétravailler seront placés en autorisation spéciale d’absence, d’autres informations seront diffusées au fil de l’eau. Le Président a demandé au Préfet que l’Université soit traitée comme un hôpital pour la continuité des activités de recherche de formation.
Malgré tout à ce jour, la question du délestage reste floue. La réunion conjointe des CHSCT et CT du 10 novembre traite des astreintes hivernales liées à ce risque de délestage.
Il avait été évoqué parmi les hypothèses pour limiter la consommation énergétique, une période de fermeture de l’université plus importante, un retrait de 3 jours de congés aurait été alors imposé. Cette solution n’a pas été retenue.
La CGT est intervenue pour dénoncer le manque de communication auprès des personnels de la part du Président engendrant colère et interrogations, bien que nous ayons conscience qu’il va falloir faire des efforts malgré tout, nous avons été mis face au mur, c’est encore à nous de payer la facture ! 

→ Rénovation des bâtiments :
Comme vous le savez beaucoup de bâtiments sont vétustes à l’Université. La Présidence annonce le montage d’un plan financier chiffré à hauteur de 225 millions d’euros. Pour le financer, le Président a fait la proposition à Madame la ministre de mobiliser 20% de la dotation non consomptible d’initiative d’excellence soit 100 millions d’euros comme levier pour réclamer des subventions complémentaires aux collectivités et lever un emprunt. Il faut cependant rappeler que cette utilisation avant l’expiration des 10 ans des I-SITE n’est pas prévue. À l’heure où le gouvernement ne compense même pas la hausse du point d’indice pour 2022, et engage les universités à voter des budgets prévisionnels 2023 en déficit, donc à puiser dans leur fonds de roulement, il est fort improbable que cette demande de dotation soit suivie d’accord.
La CGT a observé un manque certain d’anticipation et rappelé qu’ il y a eu des inondations à la Culture et que suite à l’installation des gens du voyage, le parking du P5 (Cité Scientifique) est fermé.

Shadok cabinet - saison 1, épisode 5

Rappel des épisodes précédents : Le Professeur Shadoko, pourtant revenu victorieux de sa campagne en faveur de la candidature de la Planète Shadok au concours d’excellence était déjà confronté au manque criant de combustible cosmogol 999. Il avait alors fait adopter le principe de la suppression d’un shadok pompeur sur deux par son conseil d’administration. Mais du principe à la réalisation, il y a du chemin.
La Shadok caravelle sous la direction du Shadok marin et sous l’étendard du Nouvel Établissement Expérimental et Provisoire avait atteint la planète Gibi afin, croyait-il, d’arracher quelques quantités de cosmogol 999 auprès de la Ministre Gibi en charge des planètes universitaires.
Il faut savoir que les Gibis sont coiffés d’un chapeau melon qui leur confère une supériorité intellectuelle, leur permettant d’élaborer en commun des systèmes efficaces. Et les plus importants dans la hiérarchie ont les plus gros chapeaux melons. D’où l’expression commune employée pour les personnages gravissant les échelons de carrière chez les Gibis : « ils ont chopé le melon ! ». En cas de perte de ce chapeau, ils sombrent dans la stupidité. Finalement, chez les Gibis, « porter le chapeau » vaut mieux que de le perdre ! La Ministre Gibi en charge des planètes universitaires portait encore le chapeau et de ce dernier via les chapeaux melons interconnectés en réseaux (Intelligence Artificielle made in Gibi), elle sortit toute une série de décisions qui aggraveraient la situation des Shadoks. Ainsi, en réponse au problème de masse salariale, elle proposa de ne pas financer l’augmentation de salaire des Shadoks, augmentation pourtant décidée par son gouvernement. De même, elle refusa de financer la réfection énergétique des bâtiments tout imposant aux Shadoks de réduire leurs dépenses de chauffage de 10 %. Le fameux « en même temps » !
Il faut dire que la principale distraction des Gibis était de se moquer des ratages des Shadoks quitte à favoriser la malchance des Shadoks ; ce que ces derniers ne savaient pas encore … Les Gibis les menaient en bateau ! Et la tradition de marins des Shadoks les aveuglait.
Le Professeur Shadoko décida de prendre les choses en main. Il décréta que la pénurie en cosmogol 999 était une opportunité à saisir. Réelle source d’inventivité managériale, scientifique et technologique, la grande pénurie permettrait aux Shadoks de progresser dans les classements interstellaires du « sous-développement durable ». La planète Shadok serait la planète des transitions ou ne serait plus !
Ainsi, suite à la suppression d’un Shadok pompeur sur deux, des formations étaient proposées pour apprendre à pomper alternativement d’un côté puis de l’autre des pompes à bras à deux places. Les premiers calculs de rendement de pompage n’étaient cependant guère convaincants. En effet, cela pompait deux fois plus lentement mais la décroissance du pompage pouvait avoir du bon !
Un réaménagement du Temps de Pompage fut aussi adopté. Il s’agissait d’allonger le temps de travail à la pompe sans modifier le salaire. Ainsi le Shadok pompait à mi-temps rémunéré et à mi-temps bénévolement pour le bien du service public. Par ailleurs, les heures de pompes supplémentaires bénéficiaient d’une exonération totale de salaire et pas seulement d’imposition. Les primes furent remplacées par une vague promesse de pâtes de fruits au bout de 42 annuités de bon et loyaux services à la pompe.
Il fallait aussi réduire la consommation d’énergie. Pour cela, la règle était désormais de fixer la température de consigne à 19°C. Cela n’avait guère ému les Shadoks dans les premiers temps puisqu’en temps ordinaire, il faisait moins de 19°C dans la plupart des bâtiments. C’était finalement passer de la sobriété à l’abondance ! Le Professeur Shadoko avait omis de préciser qu’il serait le détenteur du « Grand thermomètre » qu’il consulterait pour garantir le respect de la consigne dans son bureau. En cas d’écart de température dans son bureau, le Devin Plombier serait alors mandaté pour intervenir sur la divine chaudière. La détention d’un thermomètre individuel était désormais illégale pour les Shadoks de bas étage. Si casser le thermomètre ne fait pas baisser la fièvre, l’interdire fait oublier que l’on se gèle.
Dès l’arrivée des premiers froids, ce fut la déconvenue. Le gel gagnait les bureaux, ateliers et domiciles. Pour se réchauffer, les Shadoks pompaient désormais même en dehors des heures de travail. Inutile de manifester pourtant sa grogne. La grève était proscrite car l’hypothermie frappait tout Shadok interrompant son pompage. Ainsi, la devise « Le travail, c’est la santé » prenait toute sa force.
En l’absence de thermomètre, les Shadoks pompeurs avaient élaboré un biosenseur de température. Plus le Shadok bleuissait, plus la température était basse. Cela commençait par les extrémités avant de gagner l’ensemble du corps. Quand le givre apparaissait sur le nez, cela annonçait la congélation. Quand le Shadok était tout blanc, c’était signe d’un poste vacant !
À suivre...