Écologie et extrême(s) droite(s)

Cedric Bottero

Article basé en grande partie sur le dossier
« Extrême- droite, l’écologie fascisée »

De la France au Brésil, en passant par les États-Unis ou l’Italie, l’extrême- droite est diverse. Si l’ADN commun de toutes ces tendances est bien le racisme et le nationalisme, elles peuvent être protéiformes sur bien d’autres aspects, bien qu’elles soient en tous cas réactionnaires. Sur la thématique de l’écologie, il en est tout autant, avec différents courants de pensées, souvent interconnectés.

L’écologie intégrale, par exemple, trouve ses origines dans le mouvement royaliste Action française, inspirée du nationalisme intégral de Charles Maurras. L’écologie intégrale souhaite un ré-enracinement de la France en vue de « dénomadiser » culturellement le pays.

Le mouvement Terre et Peuple, revendique une écologie qui repose sur un « ethno-différentialisme » et une idée principale : « Une terre, un peuple ». « L’ehtno-différentialisme » est un concept, théorisé par la Nouvelle Droite (courant de pensée d’extrême- droite), à l’opposé de l’universalisme.

Certains groupements survivalistes s’ inspirent de cet « ethno- différentialisme » en se préparant à un effondrement climatique et à la « guerre raciale » qui vient. Daniel Conversano, figure de la fachosphère, encourage ainsi à fonder des communautés non-mixtes, confréries racialistes qui s’organiseraient grâce, entre autres, à un retour à la terre dans une forme d’écologie territoriale et essentialiste. Pour Conversano, les femmes ont un rôle central, la reproduction : afin de construire des communautés blanches autonomes, il faut produire des familles blanches.

Alain de Benoist, théoricien de la Nouvelle droite, va également se faire le chantre d’une décroissance et influencer des survivalistes, la galaxie d’Alain Soral et les complotistes anti-science. Cette théorie de la décroissance se retrouve aussi chez Pierre Rabhi qui, malgré son image positive liée au mouvement Colibri, s’est aussi illustré, plus discrètement, par des positions sexistes, antisémites et homophobes, et un certain nombre de connexions avec des réseaux complotistes.

Citons également l’anthroposophie, courant ésotérique et pseudoscientifique tentaculaire né au début du XXe siècle dont les principes s’illustrent dans l’éducation avec les écoles Steiner-Waldorf, l’agriculture avec la biodynamie, la médecine nthroposophique, l’anti vaccination, ou encore la cosmétique… Fascinant plusieurs cadres nazis comme Himmler, l’anthroposophie, a une longue histoire commune avec les extrêmes droites, et continue d’interagir avec celles-ci aujourd’hui.

Concernant le RN, nous observerons une double approche, opportuniste d’abord par le biais d’un véritable greenwashing, productiviste ensuite. Pour ne citer que deux exemples, le programme de 2022 du RN proposait à la fois un moratoire complet sur les énergies renouvelables, et de baisser la TVA sur l’essence, encourageant de fait l’usage d’énergies fossiles importées. La défense du nucléaire comme des énergies fossiles a toujours été, à l’extrême droite, basée sur un projet de puissance et de domination de l’Occident.

Et pour ne citer qu’un cas à l’international : sous le mandat de Javier Bolsonaro, la déforestation de l’Amazonie a bondi de 55%.

On le voit donc, l’approche « écologique » de l’extrême-droite est diverse, à tel point que celle-ci peut aller vers le climatoscepticisme, à l’image de Donald Trump. Mais son projet est toujours foncièrement nationaliste, raciste et productiviste, sans remise en cause du capitalisme.

Extrême droite : l’écologie fascisée - N°1761 / 07 Juin 2023 - 1290-5550 / https://www.politis.fr/boutique/magazines-unite/#forward