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Assemblée Générale des Syndiqué.e.s
Amiens, vendredi 13 octobre 2023
Document d’orientation final, après introduction des amendements votés par l’Assemblée Générale des syndiqué.es
Les six premiers mois de l’année 2023 ont été marqués par un mouvement d’une exceptionnelle ampleur où la population a marqué son refus du recul du départ à la retraite à 64 ans, des 43 annuités et de la fin des régimes pionniers, par une participation massive aux manifestations lors des quatorze journées d’actions à l’initiative d’un arc syndical complet et uni. Ce n’est qu’en utilisant les artifices anti-démocratiques de la constitution que le gouvernement a fait passer son projet de loi. Cependant, le pouvoir se retrouve dépourvu de légitimité. Ce n’est pas seulement que le président est impopulaire, c’est la base sociale de ce gouvernement qui se retrouve, de fait, étroite et réduite à une fraction de privilégiés.
Illégitime, le gouvernement s’est lancé dans une surenchère sécuritaire et répressive, à partir du 17 mars 2023 et de l’usage du 49.3 par la première ministre Elisabeth Borne, pour faire passer la loi sur les retraites. Les manifestations ont été réprimées, avec les excès de certaines unités, comme la BRAV-M. Des réquisitions de gaziers et d’électriciens ordonnées. La répression sauvage de la manifestation contre les méga-bassines à Sainte-Soline le 27 mars 2023, suivie de la procédure de dissolution des Soulèvements de la Terre, ont marqué un cran dans la répression. Puis ce fut le déchaînement de violence d’unités normalement dévouées aux situations extrêmes (prise d’otages, terrorisme, forcenés, grand banditisme), comme la BRI ou le RAID, lors des révoltes urbaines qui ont suivi l’exécution de Nahel pour refus d’obtempérer le 27 juin 2023, le soutien à peine voilé au policier auteur du tir par le syndicat Alliance, et les déclaration du DGPN, contestant une décision judiciaire de mise en détention préventive d’un policier le 24 juillet 2023, pour montrer que tout en haut de l’Etat, on pense aussi, comme le syndicat Alliance, que « le problème, c’est la justice ».
Le 6 septembre 2023, notre camarade Sébastien Menesplier, secrétaire générale de la FNME et membre du bureau confédéral, était convoqué à la gendarmerie de Montmorency, pour être entendu sur des actions syndicales des gaziers et des électriciens, s’ajoutant au fait que 400 camarades du même syndicat ont déjà été inquiétés, et que plusieurs camarades de Niort ont été entendus le 8 septembre, pour avoir participé au rassemblement de Sainte-Soline. Face à l’installation de cet Etat policier, bras armé d’une bourgeoisie qui ne cache même plus toutes ses manœuvres pour accaparer les médias et noyauter le pouvoir, plusieurs organisations politiques et syndicales, associations et collectifs, ont appelé à des marches et à des rassemblement le 23 septembre, dont notre CGT, appel relayé puissamment par Sophie Binet, à Montmorency le 6 septembre lors du rassemblement de soutien au camarade Sébastien.
Pendant ce temps, la population, à qui on vient de voler deux années de vie libre, est confronté à une inflation galopante, à des difficultés à boucler les fins de mois, à une pauvreté galopante. Les services publics comme l’hôpital sont à bout de souffle. Et les personnels manquent dans l’éducation et dans l’enseignement supérieur. Tous les syndicats étudiants l’ont rappelé, la paupérisation des étudiants va s’accroissant. La seule réponse du gouvernement est le cirque médiatique de la communication (100 jours de l’apaisement, conférence sociale), la collusion avec la droite extrême et l’extrême-droite, et la stigmatisation des populations musulmanes. Il n’est jamais question de toucher aux dividendes des actionnaires ou d’augmenter les salaires. La fonction publique a droit à un 3,5%, qui ne rattrape pas les pertes liées à l’inflation et l’écrasement de la grille des traitements. Le bas de la grille progressant automatiquement avec l’indexation sur l’inflation, tandis que le reste de la grille reste au même niveau. N’est proposé comme remède à la perte du pouvoir d’achat qu’un système de primes (le pacte pour les enseignants du premier et du second degré, à l’université, c’est un système déjà bien rôdé) contre la prise en charges de travaux en dehors des périmètres des missions ou débordant sur les périodes consacrées aux congés.
Le président de la République semble vouloir dicter la pluie (surtout) et le beau temps (très peu) en matière d’éducation et d’enseignement, et les dernières déclarations de la ministre Retailleau (Libération, le mardi 12 septembre 2023) et du président (Les échos, le vendredi 8 septembre 2023), laissent entrevoir une réduction à peau de chagrin des financements et de l’offre de formation, en restreignant toujours plus l’offre de formation aux besoins des entreprises, les universités étant sommées d’aller chercher dans leurs fonds propres de quoi financer des recrutements. L’Etat préfère prendre sur les heures au lycée pour militariser la jeunesse (SNU et débat ridicule sur les uniformes) plutôt que de prendre sérieusement en considération les véritables problèmes de la jeunesse et la désespérance de celles et ceux qui sont chargé.e.s de les éduquer, de les instruire et de les former.
L’université de Picardie, la moins bien dotée des universités françaises, avec une population étudiante au profil particulier, dans une région qui a été marquée par les ravages de la mondialisation (délocalisations), et qui devrait faire l’objet d’un soin attentif, de moyens à la hauteur, n’est pas mieux traitée. Loin de là.
Ce que les agents vivent : réduction des personnels, précarisation, avec la part de plus en plus importante de contractuel.les, difficulté d’avoir une progression de carrière cohé-rente, pratiques managériales maltraitantes importées du privé. Ce que les agents atten-dent : des postes statutaires, des services dont les missions sont clairement définies et re-connues.
Quant aux instances représentatives paritaires, si elles permettent d’avoir des informations, de construire une politique, et de faire valoir nos revendication auprès des autres OS et de la direction, elles ne permettent guère d’agir, dès lors qu’il n’y a pas de rapport de forces à l’Université. Nous peinons également à défendre les collègues en difficulté, et, parfois, nous ne pouvons que constater des collectifs de travail en délitement et en souffrance.
Les agents souffrent, et semblent ne pas pouvoir se mobiliser. Il est difficile de mesurer le taux de participation aux grèves, même si avec la gestion de la caisse de grève de l’Intersyndicale, caisse de grève que nous avons impulsée et construite, nous avons une meilleure visibilité. A l’Université de Picardie, ce n’est même pas reconduction de la grève qui a échoué (grand problème de la mobilisation contre la « réforme » des retraites), puisqu’il a été impossible, malgré des efforts importants de l’intersyndicale, il est vrai, de construire une grève massive et visible à l’université. On peut déplorer les bas salaires, la difficulté de poser plusieurs jours de grève, la lassitude. Tout cela est vrai, mais cela ne nous dédouane pas de nos responsabilités.
Le prochain mandat doit donc être consacré à consolider et développer notre syndicat. Nous devons être partout, proposer la syndicalisation, constituer des équipes, ou du moins créer des contacts partout, sur tous les sites. Nous devons :