Accueil > Confédération & Fédération > Fédération > Fédération de l’Education, de la Recherche et de la Culture
FERC-CGT
Articles
-
Parole à... Mélinée Manouchian
16 avril, par Lucas — Actualité, SociétéOù es-tu née ?
En 1913 à EREVAN en Arménie
Tu as quitté ton pays à l'âge de 2 ans, pourquoi ?
Mes parents sont tués au cours du génocide [1] arménien en 1915, ils sont tués par les soldats de l'empire Ottoman. Nous étions une minorité chrétienne dans un empire musulman, il y avait une volonté de purification ethnique. Après un périple en Grèce comme réfugiée, j'arrive en France en 1926 avec ma sœur Arméne à Marseille
En France, tu rencontres Missak Manouchian, a quelle occasion ?
En 1935, au cours d'une réunion du parti communiste, on participe aux manifs de 1936 et on se marie en février 1936.
Au cours de la 2nde guerre mondiale, tu choisis la clandestinité et la résistance, pourquoi ?
Nous étions deux orphelins du génocide, nous n'étions pas poursuivis par les nazis. Nous aurions pu rester cachés, mais nous ne pouvions pas rester insensibles à tous ces meurtres, à toutes ces déportations de juif·ves par les Allemands, car je voyais la main de ces mêmes allemands qui encadraient l'armée turque lors du génocide arménien.
L'affiche rouge*, c'est quoi ?
C'est une affiche de propagande nazie qui regroupait 10 visages, collée sur les murs de Paris et d'autres villes, avec comme titre « des libérateurs ? ». Elle a été collée au moment du procès du groupe Manouchian en février 1944. Il s'agit d'une mise en scène publique « orchestrée » par le régime de Vichy contre les immigré·es.
Pourquoi ce procès ?
Plusieurs membres du groupe Manouchian et d'autres résistant·es sont arrêté·es en nov. 1943 pour avoir tué plusieurs soldats allemands dont le commandant Julius Ritter. Ces attaques avaient lieu en pleine rue avec peu d'armes que nous avions à notre disposition. Ils et elles seront arrêté·es par la police française après une filature. Pendant 4 mois à Fresnes, ils et elles seront torturé·es et finalement exécuté·es le 21 février 1944 au Mont Valérien sauf Olga [2] qui sera décapitée en Allemagne.
Tu rentres au panthéon au mois de février 2024, pourquoi ?
A l'occasion des 80 ans de l'affiche rouge et de l'exécution des résistant·es arrêté·es en novembre 43. Je rentre avec Missak puisque nous sommes réunis depuis 1994 sous la stèle des militaires morts pour la France du cimetière d'Ivry.
Qu'en penses tu ?
C'est la reconnaissance du groupe Manouchian et des résistant·es apatrides, immigré·es qui appartenaient aux FTP MOI [3], par la France. Manouchian disait « je n'ai pas hérité la nationalité française mais je l'ai méritée ».
Résister c'est comme respirer ?
Dés mon enfance, j'ai compris que l'oppression peut être quotidienne, elle a plusieurs formes parfois elle se place entre groupes ethniques ou entre religions mais que…plusieurs fois, ma vie a été menacée parce que j'étais chrétienne, arménienne, communiste, immigrée, résistante. J'ai simplement fait le choix de la vie.
[1] génocide : crime contre l'humanité tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux ; sont qualifiés de génocide les atteintes volontaires à la vie, à l'intégrité physique ou psychique, la soumission à des conditions d'existence mettant en péril la vie du groupe, les entraves aux naissances et les transferts forcés d'enfants qui visent à un tel but. (Larousse)
[2] Olga BANCIC : née le 10 mai 1912 à Kichinev (Roumanie), guillotinée le 10 mai 1944 à Stuttgart (Allemagne) ; étudiante ; résistante FTP-MOI, la seule femme du procès dit de l'Affiche rouge. (Maitron)
[3] Les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans de la main d'œuvre étrangère) sont issus de la Main-d'œuvre immigrée (MOI), une structure mise en place par le Parti communiste français dans les années 1920 pour encadrer les très nombreux étrangers travaillant en France. Dès que le Parti communiste français s'engage dans la lutte armée, en août 1941, les étrangers de la MOI ont constitué une part importante des forces mobilisées dans la région parisienne.
-
Accès aux formations et discriminations racistes : un état des lieux nécessaire
16 avril, par Lucas — Actualité, Lutte contre les discriminationsInterroger la manière dont les discriminations racistes qui existent dans la société se déploient dans les secteurs de l'éducation, de la recherche, de la culture est un enjeu syndical concret.
La question est vaste : il s'agit des discriminations, discours ou actes racistes qui touchent les salarié.es de nos secteurs mais aussi les usagers. Ces discriminations peuvent être directes, c'est -à -dire un traitement volontairement moins favorable sur la base de l'origine, du nom de famille, l'appartenance ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une prétendue race. Mais elles peuvent être aussi indirectes, c'est-à-dire fondées sur un critère ou une “pratique neutre en apparence, mais susceptible d'entraîner, pour l'un des motifs mentionnés ci-dessus, un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d'autres personnes”.
Pour construire des stratégies d'action efficaces, il faut mesurer et analyser les dynamiques à l'oeuvre, et leurs ressorts institutionnels.
En décembre 2023, un organisme indépendant, l'observatoire des inégalités, a publié un rapport “large spectre” sur les discriminations en France.
Le rapport de l'observatoire fait apparaître l'existence de discriminations racistes dans l'enseignement supérieur : Selon une étude du CNRS “un candidat d'origine nord-africaine reçoit 61% de réponses de la part des responsables de Master à sa demande d'informations, contre 70% pour le candidat au nom français et sans handicap, soit neuf points de moins. Il a donc 13% moins de chance de recevoir une réponse”. Cette discrimination se concentre dans les masters les plus sélectifs : “ En Droit, économie, gestion ou dans les filières scientifiques : un étudiant d'origine nord africaine a environ 20% de chance en moins d'obtenir une réponse qu'un candidat apparemment d'origine “apparamment” française.
Cette discrimination dans l'enseignement supérieur n'est que l'arbre qui cache la forêt de l'ensemble des discriminations systémiques qui existent dans l'accès aux formations.
La question de l'impact des stéréotypes racistes sur l'orientation dès le collège, de l'effet du harcèlement raciste sur le décrochage scolaire ou la déscolarisation reste à mesurer.
L'enquête “Trajectoires et Origines”, publiée par l'INSEE en 2016 fourni quelques données intéressantes aux sujet notamment des mécanismes d'orientations différenciées pour les descendants d'immigrés, même si elle ne fournit pas un tableau complet des discriminations racistes puisque la notion “d'enfants d'immigrés” ne concerne qu'une minorité des personnes racisées.
Elle fait apparaître cependant un accès moindre à l'enseignement général et technologiques pour les fils d'immigrés extra-européens et une sur-orientation vers l'enseignement professionnel. La tendance est présente aussi dans une moindre mesure pour les filles d'immigrés extra-européens.
Identifier et combattre les mécanismes qui produisent ces inégalités d'accès dans nos champs fédérés est une urgence syndicale.
-
Parcousup, la vitrine du privé ?
16 avril, par Lucas — Actualité, Enseignement Supérieur et Recherche, EducationLa phase d'inscription et de formulation des vœux de Parcoursup s'est ouverte le 17 janvier dernier, elle durera jusqu'au 14 mars, puis viendra la terrible phase d'admission, du 30 mai au 12 juillet.
Plus de 23 500 formations apparaissent cette année dans la plateforme, dont 42.7% sont proposées par des établissements privés. Ainsi, le MESR continue à faire la publicité éhontée de formations dont il connaît pour certaines la piètre qualité, les coûts exorbitants et le peu de valeur du diplôme, quand seule une inscription au RNCP leur a permis d'entrer dans le système.
Plus de 10 000 formations sur le total sont proposées en apprentissage, et là encore le pourcentage du privé explose : + de 70% (Parcoursup, module de recherche).
« L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État »
Les politiques publiques doivent permettre la démocratisation et l'égalité d'accès de tous et toutes à l'Enseignement supérieur.
C'est d'ailleurs ce que dit l'article 13 du « Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 » :
La Nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État.
Rappelons également que le baccalauréat est le premier grade universitaire. Les titulaires de ce diplôme national peuvent de droit poursuivre un cursus universitaire gratuit et laïque.Pourtant, voilà, l'enseignement supérieur est à vendre ! Il est même bradé. Les gouvernements successifs ont organisé sa dislocation en menant les multiples réformes que l'on sait (LRU, ORE…) et en limitant à leur minimum les budgets annuels du service public d'ESR, ce qui préparait sa marchandisation ; le terrain est maintenant tout prêt pour sa transformation en bulle financière.
Financiarisation de l'enseignement supérieur
La presse s'en fait l'écho depuis des mois, impossible de s'y retrouver dans cette jungle des formations du supérieur : la majeure partie de ces entreprises privées lucratives versées dans l'enseignement et la formation – même le MESR se dit dans l'impossibilité d'en faire une liste exhaustive – sont totalement hors de contrôle.
D'ailleurs, la financiarisation du système s'observe par une frénésie d'investissements. Attirés par un niveau de profit très élevé et par l'argent public déversé sur le privé lucratif, les fonds d'investissement (par ex. le groupe mondial Galileo Global Education) se bousculent pour acheter des groupes et des écoles privées.
Prise de risque démesurée, dettes lourdes, stratégies inquiétantes (dépenses pédagogiques minimum, recherche exacerbée de productivité, de flexibilité chez les enseignant·es, cours en distanciel et « comodal » etc.), toutes pratiques qui s'accompagnent d'un flou entretenu entre certification et équivalence à des diplômes d'université, ou sur la réalité de l'insertion professionnelle.Pour la FERC, l'Enseignement supérieur doit être national, gratuit, laïque, de haut niveau, démocratique et émancipateur.
-
Laïcité dans l’enseignement privé sous contrat
16 avril, par Lucas — Actualité, Laïcité, Lutte contre les discriminationsDéfendre le Principe de la laïcité pour contrer l'emprise de l'Église dans l'éducation des futurs citoyens
En 1959, un Tournant dans les Relations État-Église
En 1959, un tournant significatif s'opère dans la relation entre l'État et l'Église en matière d'éducation. Face à l'augmentation du taux de scolarisation liée au baby-boom, l'État, confronté à la nécessité d'élargir le nombre d'établissements scolaires, se tourne vers les établissements privés appauvris par les lois scolaires mises en place sous la III République. La loi Debré de 1959 marque un changement majeur en favorisant la mise en place d'un régime d'accommodement avec l'Église. Cette décision est à l'origine de tensions entre les partisans de l'école libre et ceux attachés à un seul système public d'éducation, laïque, émancipateur, et au service des idéaux républicains, un débat qui prendra une ampleur significative en 1984.
1984 : La Fin d'une Époque
Selon R. Rémont, "La doctrine officielle de la gauche entre 1879 et 1981 était que l'État ne peut subventionner un enseignement confessionnel sans contrevenir à la laïcité." Derrière cette position, un slogan porté par les partisans de la loi Savary du 26 janvier 1984 : "argent public, service public ; argent privé, service privé." Depuis cette date, les défenseurs de la laïcité estiment qu'elle a subi une double mutation. D'une part, on est passé d'une laïcité de combat mobilisée contre l'influence de l'Église dans l'éducation des citoyens à un principe de laïcité plus utilisé contre des comportements individuels. D'autre part, la laïcité sert souvent de prétexte pour attaquer la religion musulmane.
Élargissement de la Notion d'Obligation de Neutralité
Le champ d'application de la notion d'obligation de neutralité s'étend désormais aux établissements scolaires et donc aux élèves, expliquant la mise en place de la loi de 2004. Ainsi, en 1984, la guerre scolaire semble avoir livré son dernier combat. Cette "catholaïcité" est donc une défaite pour les partisans d'un système public unique d'éducation. Cependant, avec l'affaire Stanislas, ce combat semble avoir retrouvé des couleurs, si l'on en juge par le nombre d'articles évoquant l'opacité dans le financement des établissements privés sous contrat.
L'urgence selon la CGT :
• De procéder à la nationalisation des établissements privés et à l'abrogation de la loi Debré.
• Que "La Nation garantisse l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque est un devoir de l'État" (extrait de la Constitution française de 1946) pour éviter l'utilisation de l'argent public pour financer les établissements privés sous contrat.Ainsi, "La véritable égalité des chances en matière d'éducation ne peut être réalisée que par un service public d'éducation fort, capable de surmonter les inégalités héritées et de garantir un accès équitable aux savoirs pour tous les citoyens."Pierre Bourdieu
-
NÉGOCIATION FERC-CGT DE L’ACCORD PROTECTION SOCIALE COMPLÉMENTAIRE (PSC) SUR LE PÉRIMÈTRE DE TROIS MINISTÈRES (ÉDUCATION NATIONALE, ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET RECHERCHE, JEUNESSE ET SPORT)
16 avril, par Lucas — Actualité, Travail et santé, Vie fédéraleUn accord interministériel PSC sur le volet santé a été signé en mars 2022, il couvre le champ de la fonction publique sur le versant de l'État. Il a été complété en octobre 2023 par un accord sur la Prévoyance. Ces accords ont été signés par l'UFSE-CGT.
La FERC-CGT va signer l'accord PSC, suite à l'approbation de ses syndicats. Cet accord repose sur ceux de la fonction publique en santé et en prévoyance tout en étant mieux disant. Il va s'appliquer à la moitié des agent·es de l'État, soit 1,3 millions d'agent·es et couvrir jusqu'à 3 millions de personnes en incluant les retraité·es et les ayants-droits.
La négociation avec l'administration a duré de février à décembre 2023. Une négociation fructueuse a eu lieu, au fil des réunions (15 au total) nous avons obtenu des avancées non prises en compte dans un premier temps.
Un des points forts a été la réalisation d'un travail intersyndical permettant d'aboutir à des propositions sur des bases intersyndicales les plus larges possibles devant l'administration. Cette initiative est à mettre en grande partie à l'actif de la délégation CGT. L'administration au départ peu encline à nous écouter, a fini par entamer un véritable travail de fond avec les négociateur·rices syndicaux·ales.
Notre délégation a su s'appuyer sur l'expertise de l'ufse ainsi nous avons travaillé avec une bonne boussole CGT.
Quels sont les apports de cet accord ?
> Deux options ont été ajoutées au panier de soin de l'accord interministériel. Ces options sont facultatives, l'objectif est d'offrir une couverture plus large sans trop surenchérir la cotisation.
> Nous avons obtenu une participation employeur de 50 % sur les options dans la limite de 5 euros, faute d'obtenir l'intégration de la première option dans le panier de soin (refus de la DGAFP).
> Nous avons obtenu un tarif dégressif pour les options des enfants : 50 % pour le premier, 25 % pour le deuxième et la gratuité à partir du troisième enfant.
> Pour la solidarité, nous avons arraché l'augmentation des % des fonds d'aide.
> Pour les retraités, partis à la retraite à l'entrée en vigueur de l'accord, nous avons obtenu la progressivité de l'augmentation de la cotisation en fonction de l'âge.
> Pour les collègues travaillant à l'étranger, nous avons obtenu qu'ils puissent bénéficier du régime négocié pour les agents du ministère des affaires étrangères.
L'avancée la plus importante a été l'intégration de la prévoyance dans cet accord. Nous avons refusé de poursuivre les négociations sur la santé (interruption entre juin et septembre) tant que la prévoyance n'était pas négociable.
L'accord prévoyance fonction publique se décompose en deux volets (des garanties statutaires et des avancées
assurantielles) et couvre les risques d'incapacité, d'invalidité et de décès.L'accord prévoit la négociation par ministère d'un contrat collectif en prévoyance à adhésion facultative dont la cotisation sera prise en charge par l'employeur à hauteur de 7€ et accessible sans condition d'âge, ni de santé.
> Ainsi, nous avons obtenu entre autres d'inscrire dans l'accord le maintien de 80 % de la rémunération globale pour différentes situations (CMO sur les 9 mois pris en charge à 50 %, congés longue durée pour les 4 et 5ème année).
> Pour les retraité·es et les ayants droits, une offre sur les frais d'obsèques et la perte d'autonomie devra leurs être proposée au même titre que les actif·ves.
> Sur la question du couplage des régimes santé et prévoyance, au renouvellement du marché l'accord prévoit que : « les ministères lanceront un appel public à concurrence en vue de conclure un unique marché public pour la santé et pour la prévoyance, dans la perspective d'un couplage des régimes ».
La négociation a permis d'aller au-delà des accords fonction publique. L'enjeu pour la CGT est d'obtenir, au renouvellement des marchés, l'adhésion obligatoire de la complémentaire en prévoyance et ainsi de se rapprocher d'une logique de sécurité sociale et de mutualisation