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FERC-CGT
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Congrès de la CGT-INRAE
16 avril, par Lucas — Actualité, Enseignement Supérieur et Recherche, Vie fédéraleLe 29ème congrès de la CGT-INRAE s'est tenu à Sète du 7 au 10 Novembre 2023. 85 camarades ont participé à ce moment démocratique de la vie du syndicat.
Vingt-sept délégué·es (CGT-INRAE et CGT-G-INRAE, notre organisation sœur aux Antilles), dont 14 femmes et 13 hommes, étaient porteurs et porteuses de mandats à ce 29ème congrès. Ils se répartissaient en 16 de catégorie A, 8 de catégorie B, 3 de catégorie C et 0 non titulaire(s). L'âge moyen des délégué·es est de 52 ans. Notre déléguée benjamine était âgée de 28 ans et nos doyens de plus de 60 ans.
Durant ces 4 jours, les 85 participant·es ont débattu sur les différents textes. Les débats ont été intéressants, constructifs, respectueux. Nous ne pouvons que nous féliciter des interventions de jeunes camarades. Un congrès est un moment qui peut être difficile à appréhender pour un nouveau ou une nouvelle militant·e mais chacun a su y trouver sa place.
Cette année de congrès a vu un changement dans le fonctionnement de notre syndicat avec une direction plus jeune, légèrement réduite et un nouveau mode de fonctionnement de nos différentes instances. Nous ne pouvons que nous féliciter du rajeunissement de notre syndicat.
Un grand moment de fraternité fut la présence d'Hendrik Davi, ex secrétaire général de notre organisation, devenu député. L'analyse politique portée à la tribune par Hendrik aux côtés des secrétaires généraux des organisations CGT de l'ESR fût très appréciée.
Le débat sur l'avenir de la CGT-INRAE dans la FERC, en présence de notre secrétaire fédérale, a été un peu houleux. Il a cependant été rendu nécessaire afin que notre organisation trouve sa place, les revendications concernant la recherche étant quasi-absentes du texte d'orientation du dernier congrès fédéral. Notre organisation a eu de plus en plus de mal à trouver sa place dans une fédération à dominante éduc lors du dernier mandat. Nous ne pouvons qu'espérer que la tendance se rééquilibre dans les prochains mois.
Concernant les différents documents de congrès, ils ont été approuvés à une très large majorité :
Rapport d'activité : Exprimés : 13.340 - Pour : 12.537 - Contre : 1 - Abstention : 802
Rapport financier : Exprimés : 13.340 - Pour : 12.312 - Contre : 0 - Abstention : 1.028
Rapport d'orientation : Exprimés : 13.460 - Pour : 13.286 - Contre : 0 - Abstention : 174
Plateforme revendicative : Exprimés : 13.460 - Pour : 13.386 - Contre : 0 - Abstention : 74
Modification des statuts : Exprimés : 13.460 - Pour : 12.406 - Contre : 0 - Abstention : 1.054Enfin, la perspective du rapprochement de la CGT et de la FSU a été rejetée à l'unanimité par une résolution qui servira de mandat aux camarades de notre syndicat siégeant dans les instances de la FERC.
Précision du bureau fédéral : Suite aux échanges fructueux concernant la problématique de la recherche, la SG de la FERC a proposé de soumettre aux instances fédérales la mise à jour de nos repères revendicatifs sur la recherche. Cela a été approuvé largement et ils seront travaillés lors de notre prochain CNF. -
Le lien n°220 : le dossier femmes mixité
16 avril, par Lucas — ActualitéNos utérus ne sont pas au service de l'État ! Nos corps nos choix
Plutôt que d'exhorter la population à procréer en dépossédant une fois de plus les femmes de leurs corps et de leur capacité à choisir, faudrait-il se questionner sur les raisons de la baisse démographique généralisée qui inquiète tant le gouvernement ?
Les facteurs sociaux et environnementaux qui sont fortement liés à la politique ultra libérale menée doivent absolument être interrogés. Seule, une politique ambitieuse en matière, entre autres, d'égalité femme homme, d'écologie et de santé publique, soutenue par des services publics renforcés et de qualité pourrait être un signal positif.
Un facteur économique et social de poids : la précarité des femmes :
– Quand le taux d'emploi des femmes n'est que de 65,6%, qu'elles représentent environ 52% des demandeur·euses d'emploi et près de 60% des salarié·es rémunéré·es au SMIC, que 15,9% d'entre elles occupent des emplois précaires,
– quand les métiers essentiels du soin et du lien qui sont les plus féminisés sont les moins rémunérés et les moins reconnus.l'urgence n'est pas d'assigner les femmes à leurs fonctions reproductrices, mais bien d'éradiquer la précarité dans laquelle elles se trouvent en favorisant leur accès à l'emploi, en revalorisant les rémunérations et en supprimant les inégalités salariales.
Deux raisons sont à relever pour les facteurs environnementaux : baisse de la fertilité et l'éco-anxiété.
Les perturbateurs endocriniens présents dans les produits de quotidien contribuent à une baisse de la fertilité masculine et féminine. Ces substances peuvent pénétrer dans l'organisme par différentes voies : digestive, respiratoire, cutanée. Le fœtus peut être aussi exposé pendant la grossesse [1]
De 2011 à 2017, le risque d'endométriose hospitalisée tous types chez les femmes de 10 ans et plus a augmenté de 8,5%, et de 10,4% chez les femmes de 25 à 49 ans, qui représentaient 68,3% des cas. [2]
C'est maintenant qu'il faut bannir ces produits avec un plan mondial ambitieux et coercitif et c'est maintenant qu'il faut défendre et obtenir des droits pour les victimes de ces produits avec la mise en place d'un congé menstruel sans distinction d'employeur·se.
L'accélération du dérèglement climatique et ses conséquences sont parfaitement perceptibles et peuvent être une source d'anxiété pour l'avenir. Les jeunes générations ne sont pas épargnées, elles y sont même plus sensibles parfois. Au-delà des grands discours au cours de la COP28 , la diminution mondiale d'émission de gaz à effet de serre est une priorité.
Le congé menstruel, il n'est pas temps pour le Sénat… il est grand temps pour les femmes !
Une série de textes ont été débattus à l'Assemblée et au Sénat en 2023, portés par des député·es écologistes et socialistes. Un texte est revenu au Sénat début 2024, dans le cadre d'une niche parlementaire qui prévoyait la création d'un arrêt de travail valable un an, délivré par un médecin ou une sage-femme, permettant aux femmes souffrant de dysménorrhées de s'arrêter deux jours par mois maximum, dans la limite de douze jours dans l'année, garantissant une indemnisation par la Sécurité sociale dès le premier jour. Cette proposition de projet de loi a été très majoritairement retoquée.
Le congé menstruel dans le monde
Les propositions françaises s'inspirent du modèle de l'Espagne où des luttes féministes émergées du mouvement des indigné·es depuis 2008 ont conduit des féministes au pouvoir. Leurs luttes victorieuses malgré les campagnes acharnées de la droite ultra-conservatrice et des réserves du camp socialiste ont mené, grâce à la présence de féministes aux droits des femmes et aux postes-clé de l'exécutif dans le premier gouvernement de coalition de gauche de l'histoire du pays, au vote en 2023, par le parlement espagnol, d'une loi reconnaissant le droit pour les femmes à un congé menstruel rémunéré. Un congé menstruel !
L'Espagne en 2023 et l'Indonésie en 2003, sont les seuls pays où il existe un congé menstruel rémunéré. Encore faut-il y regarder de plus près… Dans ces deux pays pionniers, la loi a encore des limites : en Espagne, la durée de l'arrêt maladie n'a pas été précisée dans la loi et les féministes du parti à l'origine de la loi ont été évincées du pouvoir aux dernières élections. En Indonésie, la loi prévoit un ou deux jours de congés payés, mais la mise en œuvre est laissée à la discrétion des entreprises… qui ont tendance à contourner la loi. Dans une poignée d'autres pays (Taïwan, le Japon depuis 1947, la Corée du Sud), la notion de congé menstruel est admise, mais celui-ci n'est pas rémunéré. En Zambie, également pionnière, le droit à un jour de congé supplémentaire par mois, sans préavis ni certificat médical existe depuis 2015 : « la fête des mères ». En Australie, des syndicalistes féministes mènent la lutte pour la généralisation du droit au congé menstruel.
La lutte pour le congé menstruel est notre prochaine conquête féministe
La représentation actuelle des françaises n'est pas prête à cette révolution culturelle : un « congé » pour les femmes souffrant de règles douloureuses (dysménorrhées, endométriose), un congé menstruel ! Ces pathologies sont notre lutte, les règles et leurs pathologies, tout comme la précarité menstruelle déjà abordée dans notre fédération, sont sur la table !
En France, où des entreprises et des municipalités éclairées l'ont instauré avec succès, nous, syndicalistes et féministes de la CGT, nous devons mener la lutte, dans la CGT et dans la société, pour qu'un congé menstruel sans perte de salaire soit inscrit dans la loi et dans le droit du travail.
4 mars 2024, grande victoire féministe !
La « liberté garantie » pour les femmes de recourir à l'IVG est inscrite dans l'article 34 de la Constitution, par un vote massif du Congrès et 780 voix pour (72 contre et 50 abstentions). Après de multiples rebondissements, une très forte réticence et la tentative d'amoindrir encore plus le texte, c'est une grande victoire féministe presque 50 ans après la légalisation de l'avortement. Une grande victoire féministe qui représente une avancée pour les droits des femmes. Mais le chemin ne s'arrête pas là.
La CGT revendiquait l'inscription du « droit » à l'IVG, qui aurait été beaucoup plus protecteur car imposant des obligations en terme d'accessibilité et d'effectivité. Partout dans le monde, ce droit à l'IVG est de plus en plus menacé, restreint voire supprimé ou tout simplement encore interdit. Même en France, depuis la loi Veil de 1975, les difficultés persistent et l'accès n'est pas toujours garanti : fermeture de centres IVG, double clause de conscience pour les médecins… La CGT oeuvre aussi pour que la France se batte pour une inscription de ce droit dans la charte européenne des droits fondamentaux.Le plan interministériel égalité femmes-hommes
En ce début 2024 nos ministères ont remis sur la table des négociations le plan national égalité femmes-hommes et lutte contre les violences, plan triennal 2024-2027. Les négociations devraient aboutir à la fin du mois d'avril. Une dizaine de groupes de travail sont d'ores et déjà programmés, et, nouveauté pour ce plan, l'intervention d'expertes recommandées par les organisations syndicales. Elles vont éclairer les membres du groupe de travail sur des sujets en lien avec les différents axes comme les violences sexistes et sexuelles, les écarts de rémunération, la mixité des métiers ou la santé des femmes.
Le but est d'adapter au mieux ce plan pour suivre l'évolution de la société et de nos métiers, et trouver les meilleurs indicateurs pour en vérifier l'efficacité. L'autre nouveauté de ce plan est l'ajout de deux axes à ceux déjà existants : sur la santé des femmes et sur la sensibilisation et la communication.
Les organisations de la FERC sont bien sûr représentées lors des GT : la CGT Éduc'action, la FERC Sup, le SNTRS et le SNPJS. Dès le début des travaux nous avons demandé des GT séparés selon les 3 CSA, l'organisation étant tellement différente entre une académie, et un établissement du supérieur, de la recherche ou du sport. Cette demande n'a pas été entendue, sauf pour les axes 2 (mixité des métiers) et 3 (rémunérations). L'argument étant le calendrier contraint.
Rendez-vous dans un prochain Lien pour un bilan du plan.
Nos revendications :
Une enveloppe pour le rattrapage salarial, des dispositifs de recueil des VSS efficaces dans toutes les académies et tous les établissements, des droits dans le cadre de la grossesse et de la parentalité plus cadrés et plus protecteurs, un accès aux promotions et aux métiers sans distinction du genre, une organisation du travail qui tienne compte des obligations familiales. Voilà pour les grandes lignes. L'axe 6 sur la santé des femmes va aussi nous permettre de rappeler la revendication votée au congrès de Quiberon en mai 2023 d'un congé menstruel.
Entre rêve et réalité
Au hasard ce matin, au travers de la fenêtre du bus qui m'amène au complexe sportif du Bourget, mon regard se pose sur cette pub.
Paris 2024.
Mes pupilles se dilatent.
Deux mots et c'est une douce rêverie qui débute dans ma tête.
Cela commence par des couleurs. Du rouge, du noir, de l'or. Elles se meuvent et tournoient. Voilà qu'elles se resserrent en formes ! Rondes ou triangles, petites ou grandes, elles s'assemblent et s'alignent les unes après les autres sur ce qui ressemble à une grande paroi verticale. On dirait qu'elles tracent un chemin vers le haut.Voila, oui ! C'est çà ! Ce sont des prises d'escalade projetées sur mon mur imaginaire !
C'est le mur des jeux olympiques et c'est ma voie d'escalade. Mon moment ! Mon instant tant attendu ! Tant de fois visualisé dans ma tête et imprimé dans mes chairs !
Tous les soirs avant de dormir, le même rêve. Mon rêve de jeune grimpeuse qui se déploie dans mon cœur et dans mon corps !Je peux sentir la texture des prises sous mes doigts. L'intensité avec laquelle je dois les serrer pour m'accrocher à la paroi malgré la gravité qui tire tout mon être vers le sol. Je ressens chaque mouvement de mon corps dans l'espace. Je vibre à chaque déséquilibre qui m'entraîne jusqu'à la prochaine stabilité. J'expire à chaque poussée de mes jambes vers le haut. J'écoute le frottement de la corde contre le mur et j'entends au loin les encouragement de la foule qui m'admire, impressionnée et désirante, depuis les gradins.
Ma conscience s'élargit, c'est si agréable ! Je flotte. Je vole jusqu'au dernier mouvement. Je ne suis plus qu'instinct. Une potentialité pure. Une intention en action. Seule ma mémoire cellulaire se souvient et enseigne ma conscience. Mon regard est aiguisé, précis et doux. C'est une caresse donnée au monde. Un étonnement permanent suspendu entre terre et ciel.Ça y est ! Je passe la corde dans le dernier ancrage ! J'exulte !
Mon corps, ma tête et mon cœur explosent alors que me traverse la joie fulgurante et extatique du succès.
Maintenant, seulement maintenant, je suis une. Je suis avec vous, je suis la vie et l'univers en expansion.[...]
Le bus vient de freiner et me sort de ma rêverie. Je descends à l'arrêt et me dirige vers le complexe sportif du Bourget pour assister à la 2eme édition des Jeux Olympiques d'escalade de l'histoire : Paris 2024.
L'intégration récente de mon sport dans la liste des épreuves et l'équitable répartition genrée des athlètes qui participent aux JO cette édition des me rappelle que les sociétés sont en perpétuelles évolutions et qu'il nous appartient à chacune et chacun de diriger nos choix individuels et collectifs pour influencer l'histoire vers plus de justice sociale, économique et environnementale.
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Parole à... Mélinée Manouchian
16 avril, par Lucas — Actualité, SociétéOù es-tu née ?
En 1913 à EREVAN en Arménie
Tu as quitté ton pays à l'âge de 2 ans, pourquoi ?
Mes parents sont tués au cours du génocide [1] arménien en 1915, ils sont tués par les soldats de l'empire Ottoman. Nous étions une minorité chrétienne dans un empire musulman, il y avait une volonté de purification ethnique. Après un périple en Grèce comme réfugiée, j'arrive en France en 1926 avec ma sœur Arméne à Marseille
En France, tu rencontres Missak Manouchian, a quelle occasion ?
En 1935, au cours d'une réunion du parti communiste, on participe aux manifs de 1936 et on se marie en février 1936.
Au cours de la 2nde guerre mondiale, tu choisis la clandestinité et la résistance, pourquoi ?
Nous étions deux orphelins du génocide, nous n'étions pas poursuivis par les nazis. Nous aurions pu rester cachés, mais nous ne pouvions pas rester insensibles à tous ces meurtres, à toutes ces déportations de juif·ves par les Allemands, car je voyais la main de ces mêmes allemands qui encadraient l'armée turque lors du génocide arménien.
L'affiche rouge*, c'est quoi ?
C'est une affiche de propagande nazie qui regroupait 10 visages, collée sur les murs de Paris et d'autres villes, avec comme titre « des libérateurs ? ». Elle a été collée au moment du procès du groupe Manouchian en février 1944. Il s'agit d'une mise en scène publique « orchestrée » par le régime de Vichy contre les immigré·es.
Pourquoi ce procès ?
Plusieurs membres du groupe Manouchian et d'autres résistant·es sont arrêté·es en nov. 1943 pour avoir tué plusieurs soldats allemands dont le commandant Julius Ritter. Ces attaques avaient lieu en pleine rue avec peu d'armes que nous avions à notre disposition. Ils et elles seront arrêté·es par la police française après une filature. Pendant 4 mois à Fresnes, ils et elles seront torturé·es et finalement exécuté·es le 21 février 1944 au Mont Valérien sauf Olga [2] qui sera décapitée en Allemagne.
Tu rentres au panthéon au mois de février 2024, pourquoi ?
A l'occasion des 80 ans de l'affiche rouge et de l'exécution des résistant·es arrêté·es en novembre 43. Je rentre avec Missak puisque nous sommes réunis depuis 1994 sous la stèle des militaires morts pour la France du cimetière d'Ivry.
Qu'en penses tu ?
C'est la reconnaissance du groupe Manouchian et des résistant·es apatrides, immigré·es qui appartenaient aux FTP MOI [3], par la France. Manouchian disait « je n'ai pas hérité la nationalité française mais je l'ai méritée ».
Résister c'est comme respirer ?
Dés mon enfance, j'ai compris que l'oppression peut être quotidienne, elle a plusieurs formes parfois elle se place entre groupes ethniques ou entre religions mais que…plusieurs fois, ma vie a été menacée parce que j'étais chrétienne, arménienne, communiste, immigrée, résistante. J'ai simplement fait le choix de la vie.
[1] génocide : crime contre l'humanité tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux ; sont qualifiés de génocide les atteintes volontaires à la vie, à l'intégrité physique ou psychique, la soumission à des conditions d'existence mettant en péril la vie du groupe, les entraves aux naissances et les transferts forcés d'enfants qui visent à un tel but. (Larousse)
[2] Olga BANCIC : née le 10 mai 1912 à Kichinev (Roumanie), guillotinée le 10 mai 1944 à Stuttgart (Allemagne) ; étudiante ; résistante FTP-MOI, la seule femme du procès dit de l'Affiche rouge. (Maitron)
[3] Les FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans de la main d'œuvre étrangère) sont issus de la Main-d'œuvre immigrée (MOI), une structure mise en place par le Parti communiste français dans les années 1920 pour encadrer les très nombreux étrangers travaillant en France. Dès que le Parti communiste français s'engage dans la lutte armée, en août 1941, les étrangers de la MOI ont constitué une part importante des forces mobilisées dans la région parisienne.
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Accès aux formations et discriminations racistes : un état des lieux nécessaire
16 avril, par Lucas — Actualité, Lutte contre les discriminationsInterroger la manière dont les discriminations racistes qui existent dans la société se déploient dans les secteurs de l'éducation, de la recherche, de la culture est un enjeu syndical concret.
La question est vaste : il s'agit des discriminations, discours ou actes racistes qui touchent les salarié.es de nos secteurs mais aussi les usagers. Ces discriminations peuvent être directes, c'est -à -dire un traitement volontairement moins favorable sur la base de l'origine, du nom de famille, l'appartenance ou la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation ou une prétendue race. Mais elles peuvent être aussi indirectes, c'est-à-dire fondées sur un critère ou une “pratique neutre en apparence, mais susceptible d'entraîner, pour l'un des motifs mentionnés ci-dessus, un désavantage particulier pour des personnes par rapport à d'autres personnes”.
Pour construire des stratégies d'action efficaces, il faut mesurer et analyser les dynamiques à l'oeuvre, et leurs ressorts institutionnels.
En décembre 2023, un organisme indépendant, l'observatoire des inégalités, a publié un rapport “large spectre” sur les discriminations en France.
Le rapport de l'observatoire fait apparaître l'existence de discriminations racistes dans l'enseignement supérieur : Selon une étude du CNRS “un candidat d'origine nord-africaine reçoit 61% de réponses de la part des responsables de Master à sa demande d'informations, contre 70% pour le candidat au nom français et sans handicap, soit neuf points de moins. Il a donc 13% moins de chance de recevoir une réponse”. Cette discrimination se concentre dans les masters les plus sélectifs : “ En Droit, économie, gestion ou dans les filières scientifiques : un étudiant d'origine nord africaine a environ 20% de chance en moins d'obtenir une réponse qu'un candidat apparemment d'origine “apparamment” française.
Cette discrimination dans l'enseignement supérieur n'est que l'arbre qui cache la forêt de l'ensemble des discriminations systémiques qui existent dans l'accès aux formations.
La question de l'impact des stéréotypes racistes sur l'orientation dès le collège, de l'effet du harcèlement raciste sur le décrochage scolaire ou la déscolarisation reste à mesurer.
L'enquête “Trajectoires et Origines”, publiée par l'INSEE en 2016 fourni quelques données intéressantes aux sujet notamment des mécanismes d'orientations différenciées pour les descendants d'immigrés, même si elle ne fournit pas un tableau complet des discriminations racistes puisque la notion “d'enfants d'immigrés” ne concerne qu'une minorité des personnes racisées.
Elle fait apparaître cependant un accès moindre à l'enseignement général et technologiques pour les fils d'immigrés extra-européens et une sur-orientation vers l'enseignement professionnel. La tendance est présente aussi dans une moindre mesure pour les filles d'immigrés extra-européens.
Identifier et combattre les mécanismes qui produisent ces inégalités d'accès dans nos champs fédérés est une urgence syndicale.
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Parcousup, la vitrine du privé ?
16 avril, par Lucas — Actualité, Enseignement Supérieur et Recherche, EducationLa phase d'inscription et de formulation des vœux de Parcoursup s'est ouverte le 17 janvier dernier, elle durera jusqu'au 14 mars, puis viendra la terrible phase d'admission, du 30 mai au 12 juillet.
Plus de 23 500 formations apparaissent cette année dans la plateforme, dont 42.7% sont proposées par des établissements privés. Ainsi, le MESR continue à faire la publicité éhontée de formations dont il connaît pour certaines la piètre qualité, les coûts exorbitants et le peu de valeur du diplôme, quand seule une inscription au RNCP leur a permis d'entrer dans le système.
Plus de 10 000 formations sur le total sont proposées en apprentissage, et là encore le pourcentage du privé explose : + de 70% (Parcoursup, module de recherche).
« L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État »
Les politiques publiques doivent permettre la démocratisation et l'égalité d'accès de tous et toutes à l'Enseignement supérieur.
C'est d'ailleurs ce que dit l'article 13 du « Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 » :
La Nation garantit l'égal accès de l'enfant et de l'adulte à l'instruction, à la formation professionnelle et à la culture. L'organisation de l'enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État.
Rappelons également que le baccalauréat est le premier grade universitaire. Les titulaires de ce diplôme national peuvent de droit poursuivre un cursus universitaire gratuit et laïque.Pourtant, voilà, l'enseignement supérieur est à vendre ! Il est même bradé. Les gouvernements successifs ont organisé sa dislocation en menant les multiples réformes que l'on sait (LRU, ORE…) et en limitant à leur minimum les budgets annuels du service public d'ESR, ce qui préparait sa marchandisation ; le terrain est maintenant tout prêt pour sa transformation en bulle financière.
Financiarisation de l'enseignement supérieur
La presse s'en fait l'écho depuis des mois, impossible de s'y retrouver dans cette jungle des formations du supérieur : la majeure partie de ces entreprises privées lucratives versées dans l'enseignement et la formation – même le MESR se dit dans l'impossibilité d'en faire une liste exhaustive – sont totalement hors de contrôle.
D'ailleurs, la financiarisation du système s'observe par une frénésie d'investissements. Attirés par un niveau de profit très élevé et par l'argent public déversé sur le privé lucratif, les fonds d'investissement (par ex. le groupe mondial Galileo Global Education) se bousculent pour acheter des groupes et des écoles privées.
Prise de risque démesurée, dettes lourdes, stratégies inquiétantes (dépenses pédagogiques minimum, recherche exacerbée de productivité, de flexibilité chez les enseignant·es, cours en distanciel et « comodal » etc.), toutes pratiques qui s'accompagnent d'un flou entretenu entre certification et équivalence à des diplômes d'université, ou sur la réalité de l'insertion professionnelle.Pour la FERC, l'Enseignement supérieur doit être national, gratuit, laïque, de haut niveau, démocratique et émancipateur.