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mercredi 9 novembre 2005

Communiqué de presse

Communiqué de presse

Redonner dignité et espoir

Depuis plusieurs jours, une partie de la population est confrontée à des actes mettant en péril la sécurité des personnes et des biens, événements provoqués par des propos insultants et des visites médiatisées.

Si le recours à la violence est inacceptable, sa condamnation ne peut masquer les responsabilités évidentes des pouvoirs publics.

Comment s’étonner d’une telle flambée de colère quand, depuis des années, une partie de la population de notre pays est victime de politiques qui conduisent à une ghettoïsation sociale, économique et scolaire ?
De nombreux jeunes sont évincés de manière précoce de l’école ou, souvent, orientés par l’échec puis exclus de l’emploi même lorsqu’ils sont qualifiés.

La réalité, pour ceux qui vivent dans ces quartiers défavorisés, c’est un taux de chômage atteignant le double de la moyenne nationale, allant parfois jusqu’à plus de 40%, ce sont des conditions d’habitation dégradées, c’est le mal-vivre de se sentir exclus.

Depuis des années, les gouvernements successifs ont refusé d’entendre les signaux d’alerte que nombre d’organisations syndicales, d’associations, de jeunes, de parents, d’enseignants et de travailleurs sociaux leur ont régulièrement envoyés.

A contrario, les politiques sociales et économiques, le désengagement de l’Etat ont été aggravés.
les subventions aux associations locales ont diminué d’année en année,
la diminution du nombre de postes dans l’ensemble des services publics de proximité, écoles, services sociaux, poste ... s’est accentuée.

Ainsi en 3 ans, dans les écoles, collèges, lycées, plus de 60 000 emplois ont été supprimés dans l’encadrement éducatif ; les postes des Missions Générales d’Insertion sont régulièrement menacés. Le budget 2006 va accentuer la tendance en supprimant à nouveau crédits et emplois, et en annulant 800 mises à disposition des associations d’éducation populaire.
C’est aussi la mise en place d’un collège qui va organiser le tri social des élèves dès la classe de 5ème.

la situation faite aux « sans papiers », jeunes lycéens ou adultes, a pour effet de renforcer leur sentiment d’exclusion, leur frustration et leur colère, souvent accentués par les provocations policières et les mesures d’expulsion.

Il est possible de faire cesser l’escalade de la violence. Il y a des mesures concrètes à annoncer ou à prendre immédiatement :
stopper l’escalade verbale et la surenchère médiatique,
proposer d’autres réponses que la stigmatisation et la répression : à l’opposé des opérations de communication auxquelles les membres du gouvernement nous ont habitués, il faut rétablir le dialogue au plus près des citoyens, en donnant les moyens aux élus locaux, associations et syndicats,
remettre en marche les services publics de proximité, les développer pour répondre aux besoins et renforcer les liens sociaux,
donner les moyens à l’Education nationale afin que les conditions sociales ne soient plus un obstacle à l’acquisition d’une formation ou à la poursuite d’études,
redonner à la vie associative des perspectives de développement en terme de locaux, de subventions et de personnels, développer les actions de prévention avec les travailleurs sociaux,
construire des logements sociaux dans toutes les communes et impulser une autre politique favorisant la mixité sociale, aider à l’installation durable de commerces de proximité,
proposer des mesures favorisant l’emploi, en arrêtant les licenciements et le développement de la précarité, en créant des emplois -ce qui suppose de développer le tissu industriel et les infrastructures nécessaires, en particulier dans le domaine des transports-, en sanctionnant les discriminations à l’embauche.

Ces événements dramatiques montrent une société éclatée. Seule la volonté politique d’assurer l’égalité des citoyens sur l’ensemble du territoire permettra de sortir d’une telle situation.

A l’évidence, le Premier Ministre n’a pas pris la mesure des enjeux.
Il ne donne aucun signe d’écoute des populations concernées et mise sur le tout répressif, ne proposant que des mesures de pis-aller déjà prévues dans les dispositifs actuels (Plan Borloo, loi sur l’école ...).
Cerise sur le gâteau : la seule proposition inédite, c’est l’apprentissage à 14 ans ! Ce retour en arrière de trente ans ne fera que renforcer l’exclusion scolaire et tourne le dos à la nécessité d’une véritable politique d’éducation.

La FERC-CGT, en saluant l’action positive des fonctionnaires de l’Education nationale et de l’ensemble des secteurs publics, appelle ses adhérents à poursuivre et renforcer le dialogue dans les établissements, les associations, les quartiers, à partir de ces propositions.

Montreuil, le 8 novembre 2005